31/07/2022

Arrivée au gîte El Jire!!

Vendredi 29 juillet, mon amie Marianne me rejoint à la Cathédrale de Lausanne pour marcher 3 jours avec moi. Le soir de ce vendredi nous arrivons au gîte El Jire, à Montpreveyres!

Comité d'accueil par Denis, l'hospitalier du jour, par Bertrand, président de l'association du gîte et habitant la Cure, et Valérie son épouse, photographe du jour pour immortaliser ce moment!

En effet, c'est la première fois que je suis à El Jire en tant que pèlerine! Je vais donc pouvoir être à mon tour accueillie dans ce gîte, celui qui me tient à coeur et pour lequel je marche actuellement.

Deux autres pèlerines allemandes nous rejoignent, Catharina et Dona. La première est en chemin pour Compostelle, l'autre l'accompagne aussi quelques jours. Nous soupons ensemble, passons la soirée dans le jardin à papoter. Je retrouve l'ambiance d'un gîte pour les pèlerins où on partage le repas, les idées et les babillardes tous ensemble, vraiment très sympa!

Avant d'arriver à Montpreveyres, j'ai passé par les jolis villages des hauts de la Côte et à travers les vignes. Depuis ces hauteurs de quoi se régaler des splendides paysages.




Puis au bord du lac, un coup d’œil sur la Galère à Morges pour arriver ensuite au magnifique prieuré de St-Sulpice.





A nouveau accueillie un soir chez des amis, j'ai même pu jouer au train, construit par mon hôte du jour.


Aujourd'hui avec Marianne nous arrivons à Payerne. Nous prenons le train ensemble, elle pour retourner chez elle, moi pour revenir chez moi à Moudon et profiter de mon lit pour une nuit. Ce fut vraiment très sympa de pouvoir cheminer quelques jours ensemble, surtout que le parcours d'aujourd'hui était quelque peu monotone, tout rectiligne et plat. Alors à causer ensemble ça passe mieux et plus vite!

L’église de Curtilles
L’église de Curtilles 

26/07/2022

Ça marche!

Ouf, je marche et ça marche! Arrivée à Genève dimanche et logée chez une amie, je suis partie lundi matin pour Commugny. Là c’est un couple d’amis qui m’a accueillie et c’est de là que je suis partie aujourd’hui pour arriver à Gland. Hier environ 14km et aujourd’hui une petite vingtaine et le genou tient bien le coup, tout le reste aussi d’ailleurs. Ainsi donc je continue le Sentier des Huguenots par la Suisse, puis j’espère l’Allemagne …si tout va bien, évidemment! Avec l’espoir de pouvoir faire la France l’année prochaine, mais cette fois avec quelqu’un selon tous les renseignements reçus.

Je suis très reconnaissante de pouvoir continuer le chemin et aussi très touchée par les accueils déjà reçus ces jours. Pourvu que ça dure!

J’ai encore profité d’alléger mon sac chez mon amie. Incroyable! Quand on fait son sac, on réfléchit à fond sur ce qui est indispensable et ne l’est pas, on calcule tous les grammes, et quand on a fait le choix qui nous semble définitif, on est persuadé que tout est absolument indispensable. Or dimanche soir c’était la quatrième fois que je me délestais de trucs et de babioles! Pour arriver - enfin - à un sac de 7kg dont 1lt d’eau + pique-nique. 

Hier, en traversant un des parcs de Genève, je m’arrête devant ces statues.

Impossible de ne pas y voir des huguenots fuyant de chez eux, cherchant un endroit où s’arrêter, portant un enfant, aidant un vieillard fatigué, courbés par le poids de la situation. Et aujourd’hui, tant d’autres personnes sont à nouveau dans une situation pareille…

Aujourd’hui je croise un autre vestige du temps passé:


Les « toblerones », ligne de fortifications édifiée pendant la mobilisation de 1939 - 1945. Mémoire d’un passé plus récent mais tragique également!

En Suisse, le Sentier des Huguenots (la plaquette du bas) suit + ou - le même parcours sur plusieurs tronçons que celui qui va à St Jacques (le 4 bleu montre la direction de Compostelle, et le 4 vert c’est pour le retour).

Mais demain nos chemins vont se séparer car je vais m’élever vers les jolis petits villages sur la Côte: Begnins, Luins, Vinzel, Bursins. La vue devrait être superbe!

Aujourd’hui c’était déjà magnifique aussi:


Église de Prangins



23/07/2022

2è tentative…au son des vrombissements genevois!

La canicule persiste, qui nous plombe et nous assomme tous. D’ailleurs la France brûle… malheureusement pas que la France !

Bien que la chaleur soit étouffante, ce qui est pire pour moi est de devoir être autonome avec l’eau et parfois même avec toute la nourriture, donc une charge supplémentaire pour mon genou. Il va bien pour marcher sans poids dans les jolies rues de Die, mais une petite gêne est toujours présente. De plus toutes les étapes suivantes prévues par le topo-guide sont avec des dénivelés importants. Moi qui préfère nettement la montagne au plat, je préfère quand même renoncer pour le moment à continuer le trajet français. Comme je me trouve dans une petite ville avec une gare, je vais prendre le train pour retourner à Genève, et de là essayer de reprendre le sentier à partir de ce bout de la Suisse.

Je vais voyager dimanche, loger chez une amie le soir, et faire une deuxième tentative lundi matin.

Quoi qu’il en soit j’ai bien l’intention, en tout cas j’espère beaucoup pouvoir faire ce sentier d’un bout à l’autre. Mais ce ne sera pas tout d’un coup comme espéré vu les circonstances. Difficile donc de faire des prévisions pour le moment du quand et comment.

Plein de kilomètres sont déjà sponsorisés par tant de personnes, alors je désire vraiment honorer la confiance des donateurs. Tout comme découvrir ce trajet que tant de personnes ont parcouru dans des circonstances si dramatiques, dont un de mes aïeuls. En effet, un de mes cousins passionné de généalogie, a retrouvé la trace d’un de nos ancêtres de la huitième génération, un certain Jean Gisclon, qui aurait été un réfugié huguenot, décédé à Lausanne. Remonter le temps par l’imaginaire ainsi qu’à travers ma généalogie, honorer les kms déjà sponsorisés, voilà de bonnes motivations pour se mettre en route….autant que cela puisse se réaliser!

Les vignobles de la Clairette de Die!

22/07/2022

Plein de bons conseils

Avant de partir j’ai déjà reçu plein de bons conseils. Entre autres celui de prendre avec moi un bandeau de tenniswoman pour éviter que la sueur salée ne coule sur les yeux. Je confirme que c’est un élément absolument indispensable, surtout pour moi qui ai une alopécie et donc plus de sourcils pour retenir la sueur. Moi qui n’ai jamais fait de tennis drôle d’achat mais si indispensable, même sans alopécie!

On m’a dit de prendre des bâtons de marche qui peuvent servir aussi à chasser les chiens qui pourraient me foncer dessus. Hier, avant d’ouvrir le portail par lequel je devais passer, je lis attentivement l’écriteau: 

Pas rassurée, je regarde autour de moi et voit que les chèvres et les moutons sont de l’autre côté de la barrière d’où je suis. Je m’engage donc sur ce chemin, mais rapidement deux gros Patou blanc me foncent dessus en aboyant, les crocs bien visibles et l’œil vif mais pas très sympathique. Moi qui est plutôt peur des chiens… J’essaye de me maîtriser, de leur parler calmement en les regardant, et je ne bouge plus. Si tôt que je fais signe de repartir, je lève mes bâtons et je vois que ça a l’air de les exciter. Donc surtout ne pas les élever contre eux …de toute façon à quoi ça servirait?! Un des deux s’en va assez vite mais le deuxième me suis encore un bout du chemin, ses crocs à quelques centimètres de mes mollets! Puis il me quitte, ouf!!

On m’a dit de tremper le chapeau dans l’eau et le mettre mouillé sur la tête pour se rafraîchir. Il faut encore trouver de l’eau sur le chemin. Sur quatre jours de marche il n’y a que hier que j’ai trouvé un ruisseau avec de l’eau. J’en ai profité pour faire un bain de pieds.

À propos de chapeau, le premier jour le mien avait tendance à s’envoler avec le vent. Suivant où il s’envole, impossible de le rattraper. Or c’est aussi un élément indispensable, et même vital par cette canicule. Le soir même je troque mon chapeau contre celui de ma sœur qui a un cordon sous le menton. Très pratique quand il y a du vent car je ne le perds pas, mais il ne reste pas forcément sur la tête!

On m’a dit de demander de l’eau dans les maisons si j’en manque. Encore faut-il trouver des maisons  dans ces endroits désertiques, et quelqu’un dedans!


Avant de partir on m’a bien avertie que le chemin était difficile et dangereux à certains endroits. On m’indique particulièrement quel tronçon est dangereux surtout s’il pleut. Comme il ne pleut pas du tout je prends ce tronçon car bien indiqué par les panneaux. Effectivement il faut être bien attentif où mettre les pieds, et s’il pleut je comprends qu’il peut être vraiment dangereux car parfois avec des dévers côté ravin. Mais aussi bucoliques au possible.




Là, ma mémoire fait tilt: je suis sur un sentier de mémoire de tous ces réfugiés qui ont fui la persécution. Est-ce possible qu’ils soient passés par ces chemins pentus, ardus, étroits? Et certainement avec des enfants, peut-être même avec des malades, en tout cas pas dans des bonnes conditions comme les miennes! Est-ce donc  possible qu’ils soient vraiment passés par là ? Or mon hôtesse du jour précédent, qui a eu fait partie de l’association française du sentier des Huguenots, me dit qu’ils ont fait le tracé au plus proche de l’historique qu’ils ont pu retrouver quant à la fuite des huguenots. J’avoue que cela me semble incroyable car même pour moi, qui suis relaxe et apprécie pleinement les paysages, ce n’est effectivement pas un sentier de tout repos.

J’ai une longue descente à faire depuis le col de la Chaudière jusqu’à Saint-Benoît-en-Diois. Au milieu de la descente je constate que je ne sens même plus le poids de mon sac. Bon présage. Vers la fin de la descente, je ressens par contre une petite douleur au genou. Mauvais présage! De toute façon je m’arrête au seul bar de ce petit village à la charmante vieille église.

Déjà le jour précédent je n’ai pas trouvé de logement pour le lendemain. Alors en mangeant une délicieuse glace à la lavande, je fais encore plein de téléphones mais rien de disponible. Soit c’est fermé parce qu’ils n’ont personne et ils profitent de prendre quelques jours de congé, soit c’est tout plein même dans les campings. Ou encore ils ne sont pas là, ou pas disponibles pour accueillir. J’avoue que je n’ai pas le courage de frapper aux portes et oser demander l’accueil. Cela signifierait marcher encore mais sans assurance de trouver quelque chose. Je me résous donc de sauter une étape et d’aller jusqu’à Die… en stop! Conseil de la charmante serveuse qui me dit que dans ce coin reculé le stop fonctionne bien, ce que je confirme. Même à Die, chambres d’hôtes et gîte sont complets, je trouve alors la dernière chambre solo dans un petit hôtel en plein centre ville. Juste au-dessus d’un opticien qui me répare mes lunettes (toutes courbées car mon sac est tombé dessus pendant que je mettais de la crème solaire sur le visage), et d’une pharmacie juste en face. La pharmacienne me confirme une légère inflammation du genou. Elle me donne ce qu’il faut pour soulager ça et me conseille de m’arrêter une journée. Ce que je fais aujourd’hui.

Il est vrai que les conditions actuelles pour randonner ne sont pas idéales, que ce soit au niveau du logement comme de la canicule. Je supporte assez bien le chaud et la sueur, mais le problème c’est que cela signifie porter plus d’eau car dans ces coins désertiques mieux vaut être autonome. De plus certains des gîtes ne font pas le repas du soir bien que ce soit noté dans le topo, ceci pour différentes raisons. Donc encore un peu plus de poids. Même si je porte très bien mon sac, les genoux s’en ressentent évidemment. Alors demain je repars pour une petite étape, et si ça ne va pas je redescendrai à Die et aviserai.

Suite aux prochaines nouvelles!

19/07/2022

Et c’est parti, au son des cigales et sous les canicules!

Au musée du protestantisme à Poët-Laval, c’est le départ officiel de ce Sentier des Huguenots. C’est mon départ à moi aussi.












À l’arrivée à l’église de Comps, destination de ma première étape, il n’y a plus aucun centimètre de peau qui dépasse à part les mains! 

Il faut dire que je ne suis partie de Poët-Laval…qu’à 10h30! Bien consciente que ça ne se fait pas de partir si tard, mais je savais que le trajet n’avait que 10 km et à travers bien de la forêt. J’étais avec ma sœur Marianne et mon beau-frère Michel qui m’ont accompagnées en voiture jusqu’à Poët-Laval. Nous avons dormi dans une chambre d’hôtes au château de Comps, à 10km de Poët, et hier matin ils m’ont amenées au départ. Nous avons encore pris ensemble un cocktail de jus de fruit, délicieux, rafraîchissant et revigorant. Puis c’est devenu plus sérieux!

Le trajet est magnifique, j’ai découvert avec grand plaisir les paysages de la Drôme aux nombreuses collines. Ça monte pas mal, quant à la forêt elle est surtout faite de maquis dont l’ombre est bien parsemée. 10km en 4h30, c’est dire que je n’avançais pas vite! Le chant des cigales m’a accompagnée toute la journée.




L’église de Comps est absolument magnifique, de style roman, avec une très belle acoustique. J’y suis arrivée au même moment que la jeune fille qui fait l’accueil chaque jour. Elle m’a expliqué que cette église date au moins de 1100 et quelque, du moins quelques-unes de ses pierres. Ce  n’est qu’à partir de 1938 qu’elle a été restaurée. Elle ne sert plus qu’à des mariages autant catholiques que protestants.




Le soir je retrouve Marianne et Michel au château de Comps. J’ai alors profité de refaire un tri de mon sac pour laisser quelques affaires à ma sœur. Ce matin j’ai demandé à notre hôtesse si elle avait une balance pour peser mon sac….9,4 kg y compris pique nique et 1,5 lit d’eau. Je me suis alors dépêchée d’enlever encore deux ou trois babioles!

Comme je n’ai guère eu l’occasion de faire un entraînement avant mon départ,  aujourd’hui je fais à nouveau une petite étape de 10 km qui m’amène à Bourdeaux. Partie un peu plus tôt, j’ai été surprise du silence dans la forêt, à part quelques bruissements de feuilles. Mais à 9h20, le chant des cigales a repris. Il faut croire qu’il faisait 28 degrés parce qu’il parait qu’elles ne chantent pas au-dessous de cette température. Moins de montée et plus d’ombre faite par de grands arbres, ouf!

Au long du chemin il y a quelques traces du passage des huguenots d’autrefois…plutôt terrible !



Évidemment que canicule il y a et que ça me fait bien suer !! Plusieurs s’inquiètent, moi aussi d’ailleurs. Mais pour le moment je supporte assez bien. Toutefois j’ai dit que si ça ne va pas du tout je reporterai ce voyage au printemps prochain. Il ne sert à rien de se liquéfier … mais pour le moment je continue! J’avoue que faire mon blog sur mon nouvel iPad me fait presque plus suer que la canicule …c’est donc pas peu dire!!

16/07/2022

Chemin de pèlerinage / Sentier de mémoire


Le Sentier des Huguenots est un sentier de mémoire et non pas un pèlerinage. La grande différence réside au fait que le chemin de pèlerinage, eh bien tout le monde va vers un lieu, vers un sanctuaire, sacré ou non, pour une raison ou une autre. Alors que le Sentier des Huguenots se veux être la mémoire de toutes ces personnes qui ont dû fuir la persécution à cause de leur foi suite à la révocation de l’édit de Nantes en 1685. 
Ce qui est certain est que fuir sa maison, sa famille, sa patrie, que ce soit pour une raison religieuse, politique, économique, etc... est une réalité aujourd'hui encore pour tant de personnes... Dans des conditions guère meilleures qu'autrefois! Quelqu'en soit la raison, le verbe fuir signifie bien que ce n'est pas son propre choix. Il y a toujours du tragique dans cette réalité!

Alors concrètement, lorsqu’on marche dessus, y a-t-il une différence entre pèlerinage et mémoire ? Est-ce que l’on s’aperçoit que ce n’est pas la même chose ? Eh bien je n’en sais encore rien puisque pour le moment je n’ai fait que le pèlerinage! Peut-être pourrais-je en dire plus une fois concrètement sur ce Sentier de mémoire.

Aujourd'hui nous avions une rencontre avec toutes les personnes actives d'une manière ou d'une autre autour du gîte: hospitaliers, groupe de prière, groupe qui a mis en route les offices à l'église, etc, etc. (réf. à la rubrique précédente "du je au nous"). Une bonne trentaine de personnes étaient présentes, et une vingtaine n'ont pu être là. Une manière de faire un peu connaissance, car ce sont des groupes qui ne se côtoient pas, ou très peu. Ce fut aussi l'occasion de m'"envoyer" sur le chemin. Moments plein d'émotions!! J'ai même reçu une croix huguenote avec un magnifique pendentif.



C'est demain dimanche 17 juillet le grand départ de chez moi. Ma soeur et mon beau-frère me conduisent jusqu'à Poët-Laval...



... et lundi j'enfile les souliers de marche, avec mon sac à dos,  qui a aussi une croix huguenote d'une amie!