29/08/2011

Déjà... plus que... encore?


Jeudi matin (le 25), je disais à Delphine, avec qui je marchais: "quand je passerai la barre des 1000 km restant à faire, me faudra-t-il dire: déjà la moité de faite? ou: plus que la moitié à faire? En tous cas, j'aurai l'impression d'être sur la pente descendante!" Or le soir même, j'apprends que c'est le lendemain, après 600 m. de marche, que je passerai cette barre-là sur le Pont d'Artigues. Et devinez comment je l'apprends?.... sur l'étiquette de la bouteille de 3 lt d'Armagnac que nous sert notre hôte du soir!!





Super accueil chez Alain et Martine, producteur d'Armagnac -entre autre. Ils nous servent un excellent repas fait avec les produits de leur ferme bio. L'apéro est déjà à l'Armagnac, servi dans sa cave. On emporte son petit verre à la salle à manger... pour l'eau au cas où on en boirait pendant le souper! Au dessert, délicieux cake arrosé... d'Armagnac! Et surtout, des gens super et super accueillants.

Le lendemain, sous la pluie, je passe le pont de l'Artigues, exactement 6 semaines après mon départ. Un jour où pluie, sans pluie, rayon de soleil se succèdent en boucle. Que du goudron, ou presque (avec le temps, on finit par se dire que pluie et goudron font bon ménage). Je médite sur ces petits adverbes, plein de sens: déjà presque 1000 km de parcourus, en 6 semaines, plus que 1000 autres. J'ai envie de dire: ça va vite!!  Me faut-il faire un bilan?  Non, si je fais un bilan, c'est que ça sent déjà la fin, alors que j'en ai encore autant à faire. Alors je préfère en rester à:
vivre le moment présent, vivre chaque jour comme un cadeau! 



le pont de l'Artigue où passent tous les pèlerins de tous les temps


Dans un tout autre registre, deux jours auparavant, nous sommes accueillis chez Thérèse, à Miradoux. Personnage mythique du chemin, qu'on ne peut manquer, aux dire de tout le monde. Avec ses 72 ans, elle nous accueille avec son sourire et sa verve, son franc-parler et son humour.  On est 9 pèlerins à être accueillis ce soir-là chez elle. Elle fonctionne sans réservation. Donc tous les après-midi elle cuisine pour le cas où. Et s'il n'y a personne, c'est que St-Jacques a pris soin d'elle, ainsi le lendemain elle n'a plus qu'à réchauffer. Pour pouvoir accueillir le plus de pèlerins possible, elle a mis la cuisine dans sa chambre à coucher, mais nous avons interdiction d'y entrer. D'ailleurs... nous préférons ne pas voir ni savoir comment ça se passe là-dedans!! Elle nous met tous à la tâche pour suspendre le linge: "du côté du mur, ça sèche plus vite. Et puis les autres, ils sont où? Ils veulent aider, mais quand il y a quelque chose à faire, il n'y a plus personne! Allez, dépêche-toi d'aller les chercher!"  C'était trop drôle de nous voir au moins 6 ou 7 contre le mur, en train de suspendre la lessive. On était tous pliés de rire! Là, j'ai loupé la photo, dommage. Delphine a pu en prendre une, elle me l'enverra, c'est à mettre dans les annale du chemin! Le livre d'or de Thérèse (presque tous les accueils et gîtes ont un livre d'or), ce sont des post-it collés sur son armoire de cuisine ou ailleurs! Bref, une soirée inoubliable. Si les conditions d'accueil étaient d'une extrême à l'autre entre ces deux soirées, le coeur était le même pour nous accueillir: largement ouvert!

Thérèse au fond à gauche

On plie la lessive. On voit les post it sur la droite




























Aujourd'hui, lundi 29 août, je suis à Arzacq-Arraziguet. J'y apprends que les particuliers qui veulent offrir la possibilité de travailler sur internet doivent  payer 90 Euros par mois pour un abonnement oblligatoire de lutte anti-terrosiste. Ce qui m'avait déjà été dit hier soir. C'est pour ça que j'ai de la peine à trouver un ordinateur disponible. Et pas trop cher, car ça peut coûter jusqu'à 2,50 Euro le quart d'heure!! Autant dire que le blog s'en ressent, navrée!

Encore un détail: depuis deux jours la chaîne des Pyrénées se laisse voir au loin, quand le voile brumeux ne la cache pas. Dans environ 5-6 jous je serai à Saint-Jean-Pied-de-Port, dernière étape française avant de passer de l'autre côté des Pyrénées et en Espagne!



22/08/2011

Cahors et Moissac dans le rétro

le pont Valentré de Cahor

le portique de la cathédrale de Cahors


La cathédrale de Cahors
l'abbaye de Moissac






Canicules......................

36,5° à Cahors selon le journal, 45° selon ce que quelqu'un a dit, et moi je dis que ça pouvait bien être 50°! D'ailleurs, j'ai vu 41° vendredi soir à 18h, au milieu du village de st-Géry. Quoiqu'il en soit, j'expérimente concrètement que "être en nage" c'est en effet comme sortir de la piscine..... mais en nettement moins agréable! Autant dire que maintenant j'ai pris le rythme des pèlerins, c'est-à-dire debout à 6h et départ à 7h. Aujourd'hui c'était même encore plus tôt, vu l'activité débordante d'autres pèlerins dans le gîte.

Dimanche, le jour le plus chaud, le jour de la plus longue étape, 32 km. ça chauffait de partout, du dessus, du dessous, et des côtés par le vent qui nous donnait de l'air chaud. 5 ou 6 litres d'eau à boire, je n'ai pas compté, je sais que j'ai frappé à des portes pour remplir la gourde (je n'étais pas la seule, mais tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir la gourde remplie!). J'ai mouillé le chapeau plusieurs fois, j'ai fait la sieste histoire d'utiliser la pèlerine, et je suis arrivée à bon port à 19h. J'ai réalisé que la sueur est quelque peu corrosive pour mon smily, mais heureusement que la douche le remet vite en forme!!
Le lendemain, 25 km pour arriver à Moissac, ce fut encore plus laborieux, car plus de goudron, au dire d'autres pèlerins aussi. Le soleil de plomb sur du goudron nous met du plomb dans le sac et dans les jambes!!
Aujourd'hui, du coup petite étape de 18km. Départ à 6h30 avec Charlotte avec qui je me suis trouvée à la table du petit déjeuner. On a fait tout le trajet ensemble, c'était très sympa. Et ça tombait bien, car le trajet était monotone: que du goudron tout droit le long d'un canal. Arrivée donc de bonne heure chez Vincent, à Espalais, un Fribourgeois qui vient d'ouvrir un gîte ici (bonne adresse donnée par le "grand Jacques", merci!). Un ciel un peu voilé donne quelque "fraîcheur". Repos cet après-midi. Entre temps, Delphine et Bérangère arrivent avec le père et l'ami de Bérangère, c'est ainsi qu'on se retrouve. Du coup, les 4 décident de rester ici, c'est tellement sympa. On fera le souper tous ensemble, avec les 2 autres pèlerins, Cyril l'hospitalier, et Vincent. Belle soirée en perspective, dans la fraicheur du lieu. On mettra les matelas dehors si nécessaire, car même la nuit il fait chaud. Le "sac à rêve" (= le sac à viande en soie) est encore de trop!
Lauzerte au lever du soleil

Raphäel cueille des graines de genièvre à la pince à épiler à 7h!



19/08/2011

de la Vallée du Célé à Cahors

Avant de partir et encore sur le chemin, plusieurs personnes m'ont conseillée de choisir la variante par la vallée du Célé, après Figeac. Ce que j'ai fait. Effectivement, c'est une vallée sauvage, très belle, avec quelques villages aux maisons troglodytes. Soit on se trouve en haut sur les crêtes, soit en bas près du Célé, soit au milieu des falaises. J'étais seule, et je me suis sentie seule! Paysage aride, quoique plus vert que d'habitude. En plus, il faisait chaud, très chaud, très très chaud même! C'était très beau, mais intérieurement c'était différent. J'ai eu l'impression de vivre une sorte de parenthèse. Pas d'internet non plus, pas toujours de réseau. Certains moments on se croit au bout du monde.







J'ai rejoint le chemin à Cahors et loge au gîte de Serge. Il a déjà été à Compostelle plusieurs fois, et a fait les deux chemins en Espagne, le classique "Camino francês" et la variante qui passe par les côtes du nord . Je lui demande ce qu'il me conseille de faire, hésitant entre les deux. Car le classique, il y a beaucoup plus de monde, on est parfois à côté d'une grande route, alors qu'au nord c'est plus sportif, ça monte et ça descend sans arrêt, et le paysage est très beau. Serge me répond: "si c'est la 1ère  fois que tu fais le chemin, il te faut passer par le Camino francês, c'est ça le pèlerinage. C'est sûr qu'il y a des inconvénients, plein de pèlerins, la route,... mais c'est ça le Chemin, tu y rencontres plein de gens de  toutes sortes,  c'est là que tu vis le pèlerinage, c'est là où il y a l'âme du chemin. Le chemin du Nord, c'est très joli, ça fait plus voyage touristique, tu peux le faire une fois que tu sais ce que c'est le chemin du pèlerinage, c'est alors toi qui y mettra l'âme." Du coup, il me semble avoir compris ce que j'ai vécu dans la vallée du Célé: plutôt du tourisme qu'un pèlerinage. Or faire du tourisme seule, ce n'est pas très drôle...
Je vais donc reprendre le chemin du pèlerinage. On verra si ça fait une différence. En tous cas, j'ai ma réponse pour le trajet en Espagne, ce sera le Camino francês.

J'ai la chance chez Serge, d'avoir accès à son ordinateur, et gratuitement, et sans personne qui en a besoin. Ce qui me permet de bien en profiter. Mais c'est vrai que l'accès à internet et ordinateur, ça reste très aléatoire. Donc pas de quoi s'inquiéter s'il n'y a pas de nouvelle rubrique sur le blog. D'ailleurs j'avais pensé faire une pause blog bientôt, finalement elles se font de par elles-mêmes!

Petite étape aujourd'hui, car je vais visiter Cahors ce matin. Je m'arrêterai donc à Trigodina, env. 10 km. Puis le lendemain à Lauzerte, ce qui me fera une trentaine de km. J'essaie d'alterner la longueur des étapes, en fonction de ma forme, ou parfois de la disponibilité dans les gîtes. Pour le moment je ne me suis pas encore arrêtée un seul jour. Serge me confirme qu'il vaut mieux garder le rythme de se déplacer chaque jour "sinon c'est difficile de repartir, l'élastique nous retient en arrière".  Comme je n'ai toujours mal nulle part, je continue donc!          

Les pèlerins

Les paires, trios, ou groupes de pèlerins se font et se défont, au gré des circonstances, au long du chemin ou dans les gîtes. Par ex. le grand Jacques, avec ses 1,92m lorsqu'il téléphone à un gîte, demande toujours quelle est la longueur du lit qu'il sera censé occuper. La p'tite Jaquemet, lorsqu'elle téléphone à un gîte, demande toujours s'il y a du souper pour elle. Au gré des réponses que l'un et l'autre reçoit, ils se retrouvent dans le même gîte!  Ou alors c'est la catégorie du prix de la nuit qui réunit, ou encore le rythme du pas. Bref, surtout entre le Puy-en-Velay et Conques, le chemin est bien fréquenté et c'est sympa de se retrouver au gré d'une pause, d'une soirée ou d'un bout de chemin.
Conques  est une étape de fin ou de re-départ d'une période de pèlerinage. Alors autour d'une table et d'un pot, on se dit au revoir. On me dit: "Bon courage pour la suite de ton chemin" et moi je leur réponds "je pense qu'il vous en faut plus pour rentrer chez vous que moi pour continuer". A voir leur air plutôt déconfit, ça a l'air d'être assez juste!!


A table, en face de moi, Alain, un gars parti le même jour que moi du Puy et qui va aussi jusqu'à Compostelle. Tiens, on ne s'est pas  encore rencontré, étonnant. On fait les présentations et Alain de dire "Ah c'est toi Denise? J'ai entendu parler de toi le 1er jour. Mais on m'a dit que c'était une petite vieille (douche froide) mais je ne te reconnais pas dans cette définition (douche chaude)!! J'en déduis que Radio Camino fonctionne comme toutes les radios, on y raconte aussi des bobards! Il est vrai que souvent on me demande si je suis à la retraite ... parce qu'en principe ce sont les retraités qui se paient le luxe de faire le chemin de Compostelle d'une seule traite.Et puis, le soleil a un peu buriné et séché ma peau, ça doit veillir aussi. Bon, peut-être ai-je besoin aussi de me rassurer...?

Depuis Conques, les pèlerins ne sont pas tous remplacés. Nous sommes bien moins nombreux, ce qui est plus pratique pour trouver une place dans les gîtes, mais ce qui est évidemment moins sympa.
Je fais connaissance de Delphine et Bérangère, 2 jeunettes chargées de tout le bazar pour camper. Quelle allure et quel entrain. Presqu'une journée à marcher ensemble, on parle de tout et de rien. Et des différences entre cahtoliques et protestants. Pas facile d'expliquer tout ça.



Delphine et Bérangère
un jour de soleil brûlant, on a passé les trois sous le robinet!
Il y a aussi les frères Jean-Louis et Sylvain. Nous  logeons  3 soirs de suite dans les mêmes gîtes. Le dernier soir, à Espagnac, ils m'invitent à leur table. Belle soirée sur la terrasse du resto où on nous sert que des produits de leur propre production et fabrication. Surtout, vu la pénurie de pèlerins, j'ai beaucoup de plaisir à passer une soirée de convivialité. Puis ils continuent à leur allure, plus intense que la mienne.

Pour le moment, je rencontre surtout des Français. Quelques Allemands, Autrichiens, Américains ou Anglais me permettent de pratiquer mes restes d'allemand et d'anglais. Ce soir, à Cahors, un groupe de 13 Américains débarquent chez Serge, au relais des Jacobins: un prof, sa femme et 12 élèves. On soupe ensemble. Ils vont jusqu'à Santiago.
- combien de temps pensez-vous mettre?
- environ 10 semaines
- ah, et vous avez tous 10 semaines de vacances de suite?
- non, ce ne sont pas des vacances, mais ça fait partie de l'école!
J'ai failli m'étouffer en entendant ça. Je venais d'écrire que le Chemin, c'est une école hors les murs!! Alors, si des profs lisent ça, que cela vous donne de bonnes idées pour votre programme de cours!
l'équipe des Américains, Serge à gauche
Nous devrions nous revoir sur le chemin. Je suis curieuse de savoir comment ça va se passer pour eux aussi.

18/08/2011

Le c-C-hemin

Le chemin de St-Jacques de Compostelle nous emmène par monts et par vaux de manière la plus concrète. A travers champs et forêts, hameaux et villages, le long de rivières et ruisseaux, de falaises et de gorges, dans des fourrés ou sur des crêtes, ça monte et ça descend ou c'est tout plat. Il est fait de terre ou de pierres, d'herbe ou de goudron, c'est selon. Chemin, sentier, sente ou route, c'est en tous cas des plus variés. Dans une montée, une pèlerine me disait "j'en ai marre de faire la chèvre!". Moi ça me plaît beaucoup!

On y voit beaucoup d'églises et de chapelles, des ruines et de belles maisons, et partout -ou presque -   de beaux paysages variés aussi. Sans oublier tous  les gens que l'on rencontre ou que l'on croise, ils sont tous sympas, que ce soit des gens du village ou des pèlerins.
















Au milieu du chemin, on y rencontre aussi des messages:

"Courage Claire, bon chemin!!"
Le ciel aussi est des plus varié. Il change beaucoup d'une seule journée, souvent couvert, voire pluvieux le matin, il s'éclaircit l'après-midi et le soleil peut taper dur et chaud!
un nuage en forme de plume

Le Chemin, c'est aussi une école hors les murs. Des leçons à prendre au passage, j'en ai déjà raconté quelques-unes. Sur le chemin de Conques, ce fut un "doublé".
Partie d'Espeyrac, où je venais de vivre ma  soirée de partage super de toutes sortes, j'entame un Notre Père. Devant moi, cinq jeunes qui fredonnent une mélodie qui ressemblent à une prière. Je m'approche d'eux: c'est un Ave Maria. Tellement beau sous cette cathédrale de feuillus! Je leur demande de le chanter encore. Ils ne se font pas prier et se distribuent les voix, à 5 ils en chantent 4 différentes. Emouvant, un moment qui vous entraine au-delà du chemin. Puis je fais route avec une des filles, Roseline. Beau moment de partage. Elle m'explique la démarche de leur groupe: ils campent, voire dorment à la belle étoile et tous les matins ils vivent une messe (un prêtre fait partie de leur groupe) selon la tradition ancienne, c'est-à-dire en latin pour la plupart des textes. Leur destination est Figeac.

Roseline à gauche et Alexandra à droite
Un peu plus loin je rattrappe les 3 jeunes filles de hier, dont celle qui a mal au genou. Avec ses 2 bâtons improvisés, elle avance avec le sourire. Pour elle, le principal est d'arriver à Conques, leur dernière étape, sa douleur n'a pas d'importance. Elle est reconnaissante que ses deux copines portent son sac. A la descente j'échange mes bâtons plus confortables à tenir contre les siens, de toutes façons nous nous reverrons à l'Abbaye de Conques.
Puis je rejoins ses deux copines. L'une d'elle porte le sac de la 1ère devant et son sac derrière. Je la félicite de sa solidarité. Elle sourit et spontanément me demande "et vous, vous avez trouvé où loger? Vous avez bien dormi?" Elle avait vu ma déception du soir précédent quand j'étais arrivée 3 min après elles. Chargée comme un mulet, elle se préoccupe encore de ma nuit et de mon sommeil!

Magnifique jeunesse que je rencontre sur le chemin. Moi qui ai facilement des jugements à l'emporte-pièce sur la jeunesse, eh bien pardon, pardon!! Et Bravo vous tous ces jeunes, qui savez partager, persévérer, crocher, ...
Je me rappelle la 1ère leçon de mon bouquin -tjrs le même - qui était d'"avoir un préjugé favorable sur toutes personnes et circonstances". J'ai régulièrement des leçons de répétitions!! L'aurai-je intégrée au bout du chemin??!!

Trois jours plus tard, je rencontre à nouveau Roseline. Avant de nous quitter, elle me donne son médaillon de Marie, mère de Jésus. Je sens que c'est un cadeau qui vient du profond de son coeur. Deux jours après, avec sa copine Alexandra, elle viennent dans mon gîte pour m'inviter à leur dernière messe à Figeac. Là aussi, un moment suspendu entre ciel et terre, bien que là je n'aie pas eu droit à communier avec eux. "Mais la communion est dans le coeur entre nous".
Une autre fois c'est Cécile qui me donne une de ses blouses "toute légère et pratique". Que de générosité sur ce chemin, et ailleurs c'est sûr!

émoticône:
Un peu honteuse, mais surtout très heureuse de tout ce que je vis!

13/08/2011

Conques la splendide

Jeudi, arrivée à Conques. Ce hameau ne se fait voir qu'au dernier moment, au milieu de la colline verdoyante. Un joyau dans un écrin de verdure.
Et son Abbaye de Sainte-Foy, là aussi c'est au dernier pas qu'on l'aperçoit. Pourtant elle est grandiose, à l'extérieur comme à l'intérieur. J'en suis subjuguée, et je ne suis pas la seule. Que de merveilles à contempler!






















"On n'a pas forcément ce qu'on veut mais ce qu'on a besoin"

Cette phrase c'est Léonard, de l'Hospitalité St-Jacques à Estaing qui me l'a dite avant de partir de chez lui, mardi. C'est justement ici que je désire m'arrêter quelque temps au retour de mon pèlerinage pour voir un gîte de l'intérieur et prendre un temps de discernement. Lui-même a eu un appel à ouvrir un gîte alors qu'il faisait le chemin de Compostelle. Avec son épouse Elisabeth cela fait 19 ans qu'ils gèrent cette Hospitlité. A souper, assise à côté d'elle, elle me rappelait que "la Providence pourvoit", me disant aussi que ce n'est pas toujours facile, surtout au début.

Avant de partir le lendemain matin, nous prenons donc un temps de dialogue avec Léonard. Il me ré-invite à la confiance, au lâcher-prise, de mon projet même pour être complètement disponible à ce que Dieu veut. Et il me dit cette phrase "on n'a pas forcément ce qu'on veut mais ce qu'on a besoin". Il me demande si j'ai déjà fait l'expérience de ne pas réserver mon lit pour le soir. Je dis que non; comme j'avais voulu réserver pour le soir même dans un gîte à Soulié, accueil chrétien, mais c'était complet, je me dis que je vais en faire l'expérience sur le champ.

En chemin, je fais alors ma liste de ce que j'aimerais: un toit, un lit, une douche chaude, un souper par ex. steak-frites, et voilà. La liste de ce dont j'ai besoin... est à peu près identique...même si je remplace steak-frites par du plus modeste!
Je ne peux donc m'empêcher d'imaginer des scénarios:
le scénario 0 serait que, quand j'arrive à le Soulié, une personne vienne de se désister (ce qui arrive très souvent, malheureusement pour ceux qui nous reçoivent) et alors un lit est libre pour moi.
Scénario 1: en entendant qu'il n'y a pas de place, une voisine me propose un lit chez elle, une douche, un bon souper... Ah, mais j'en reviens à ma première liste!
Scénario 2: j'interpelle un petit monsieur dans son jardin, qui me demande où je vais, et pour ce soir... ah vous avez rien, mais alors nous avons un lit.... ah non, trop semblable au scénario 1, éliminé!
Scénario 3: je me mets dans mon sac de couchage, je me couche au milieu de la route... non, non, le forcing ne doit pas faire partie des plans divins!

Bref, je réalise que ce n'est pas si facile que ça de vivre concrètement la confiance. Pourtant je me souviens avoir dit à une de mes collègues que tout mon voyage était basé sur la confiance. Mais passer de la théorie à une vraie pratique n'est pas si évident que ça.

Lorsque j'arrive au Soulié, je demande si par hasard un lit serait devenu libre. Oui, il y a 3 personnes qui viennent de se désister... mais il y a  3 jeunes filles qui viennent d'arriver et vont prendre leur place! Non, c'est pas vrai, pas de chance pour moi! A 3minutes près! Mais quand je vois qu'une des jeunes filles a mal au genou et boîte, je me dis que tant mieux pour elles. On me dit qu'à Espeyrac il y a encore de la place au gîte communal.

Je repars donc, espérant que ce soit le cas, car j'en suis déjà à 22 km. Cette fois il fait chaud, même très chaud. Encore 3 km sur du goudron. Mieux vaut ne plus penser à mes plumes d'oies dans mon sac, j'en sue encore plus!
Arrivée à Espeyrac, il reste 6 lits vides! Ouf, largement suffisant! Je compte  me ravitailler au magasin pour faire mon souper: il n'y a plus de magasin dans le village. Catastrophe! Je n'ai rien à manger, ou plutôt rien pour faire un vrai souper. Delphine, déjà installée dans le gîte, me dit spontanément "j'ai assez de pâtes pour deux". Puis c'est Emmanuelle et Arnaud qui ajoutent "on a aussi des pâtes et du gruyère". Génial. Arrivent 3 autres qui ont aussi des pâtes au menu + de la sauce tomates. Bref, chacun met ce qu'il a sur la table, et on se retrouve les 7 autour de la même table et de la casserole de pâtes, avec salami, gruyère, vieux cantal (pour ceux qui aiment),boursin, fruits et chocolat pour le dessert. Plus tard arrivent encore deux jeunes, avec une bouteille de vin, on a même droit à une tournée générale!

Il fait beau et bon, on est bien là dehors, c'est vraiment très sympa. Je ne peux que constater que j'ai reçu tout ce dont j'avais besoin. En plus, le partage et la convivialité. En plus?? Je réalise que moi j'avais oublié de le mettre sur ma liste, mais Dieu y a bien pensé, Il sait très bien de quoi j'ai besoin!! J'en suis toute émue...
l'équipe à table

Estaing

Espeyrac