29/07/2011

En vrac, le quotidien










St-Julien-Molin-Molette

Rien que pour ce nom délicieux, il faut passer par ce village. Charmant comme tout, il faut même s'y arrêter: une belle église, un joli bourg, et plusieurs artisans avec de jolies boutiques.
Et quand on est accueilli chez Odile et Jacques Vincent, on a envie d'y rester!
Un couple qui a fait le chemin de Compostelle par bout et en entier tant de fois qu'ils le connaissent bientôt par coeur. Une centaine de pèlerins passent par chez eux à chaque saison. Et de plus en plus. Malgré tout, un accueil des plus chaleureux, et personnalisé. Non, ils n'en ont pas marre de ce défilé.
Jacques et Odile Vincent
Avec 5 enfants et je ne sais plus combien de petits enfants, ils ont l'habitude de l'accueil, ils ont même restauré la maison pour que chacun y ait sa place.
Un partage en profondeur sur la foi, et justement sur notre différence entre protestants et catholiques. Je leur raconte que dimanche passé, c'était le 1er jour où j'avais mal au dos, j'étais fatiguée, et je voulais alors faire une petite étape de 7km au plus. Après 13 tél sans succès, je me résous à faire la sieste sur l'herbe où je suis, puis à faire un bon pique-nique, ce qui me remet d'aplomb et me  permet de faire 22 km pour atterrir chez Nadine, le 14è tél avec succès. Je n'avais plus mal au dos et n'étais plus fatiguée! "Et alors, vous ne croyez pas que c'est St -Jacques qui est intervenu?" Pour résoudre mon dilemme de protestante, je dis que, si c'est St-Jacques, il est de toutes façons mandaté par Dieu! Mais certainement n'ai-je pas fini de méditer sur le sujet.
Le couple Vincent, c'est le sourire en profondeur, c'est la communion qui se fait de suite.
Le soir, comme il y avait fête au village, nous y allons ensemble. Des moments très sympas où les participants à un stage de chant, musique et poésie, montent sur scène et nous présentent leurs prestations. La place au pied de l'église est bondée, l'ambiance sympa et chaleureuse.

Une belle journée de plus où je chemine avec 2 pèlerines, Claudine et Patricia, rencontrées  juste après Chavanay. Pour elles comme pour moi, les pèlerins c'est de la denrée rare! Pas mal de route cette fois, mais au moins c'est sympa de causer, partager, rigoler ensemble. Le dernier quart du chemin est des plus bucolique, qui nous amène justement à St-Julien-Molin-Molette.
la descente sur St-Julien-Molin-Molete

Les photos sont un peu grises, reflet du temps: ça oscille entre nuages et soleil, entre pluie et brouillard, un peu de tout en une journée, jamais que ceci ou cela. Ce qui donne par contre une constante dans la température: jamais trop chaud ni trop froid, donc idéalement agréable!

Le lendemain je retrouve Claudine et Patricia au marché de Bourg-Argental. Elles se font une pause abicots. Comme moi j'en ai déjà fait 2 ce matin, ce n'est pas encore l'heure pour la 3è (il est 11h), je continue le chemin.
Grande traversée de la forêt, en montée, c'est le plus grand dénivelé du parcours: environ 600m. Passage au col du Tracol, pour arriver aux Sétoux, hameau paisible au milieu des pâturages, où je vais loger pour la nuit. Je veux faire une photo: batterie vide! Je demande à la propriétaire du gîte si c'est possible d'obtenir des piles "malheureusement je viens de les utiliser pour les horloges". Le pèlerin qui partage le dortoir avec moi dit spontanément: "tiens, j'en ai 2 de réserve pour ma lampe de poche que je n'utilise pas du tout". Alors... St-Jacques?? Bon, en tous cas, le pèlerin s'appelle Régis!! Merci Régis. Entre temps le soleil a à nouveau disparu, je ne ferai donc pas de photo de ce joli coin, elle restera dans ma mémoire. Puis je donne 2 compeed (pansement pour les cloques) à Régis, ça, moi, je n'en utilise pas par chance!

28/07/2011

Une journée In Live

Par ex. mardi 26:
ça commence lundi soir, je lis (toujours dans mon bouquin du jésuite marcheur): "je me suis donné comme principe de ne jamais refuser ce genre d'invitation." = quelqu'un qui lui offre de faire un bout de chemin en voiture. Ah bon, et il se dit pèlerin?
Nuit chez Danièle et André, à Bellegarde-Poissieux, avec 2 autres pèlerines qui font halte de 2 jours chez ces gens pour réparer leurs pieds. Petit déjeuner à 7h30 avec 3 sortes de miel fait maison. André nous raconte - avec passion - les différentes provenances de miel (printemps: colza, aubépines, été: tournesol et châtaignier, acacia, etc), la vie d'une reine et de ses ouvrières, le froid qui ne leur convient pas, etc, etc... Moi qui n'aime -en principe - pas le miel, je me régale de 3 tartines avec chacune de ces sortes.
Départ vers 8h30: joli trajet à travers campagne et forêt.
11h, j'arrive au Carmel de St-Romain de Surieu, avec une magnifique église du XIIè siècle. Une soeur me dit que la messe est à 11h30. N'ayant plus d'horaire, je reste. Par honnêteté je dis que je suis protestante et j'ai même la chance de pouvoir communier avec cette communauté.


Eglise du Carmel de St-Romain de Surieu
Je continue jusqu'à Assieu, où je comptais me ravitailler en fromage. Tout est fermé, c'est les vacances. Je fais le détour par le bar, espérant au moins trouver une glace. Magnifique, 2 grosses boules mocca remplissent toute une coupe. Le tout pour 1,50 euro. Je redemande le prix au moins 3 fois: "Mais ma p'tite dame, une boule ça fait 5 anciens francs, je paie mon bac xx, ça fait bien assez!" ça me donnerait presqu'envie de m'installer dans les environs! Je discute de mon trajet à venir, car je vais loger à St-Clair du Rhône, 3 km hors chemin. On me dit que c'est encore loin, qu'il y a encore bien du goudron. Flûte alors!
Je repars requinquée par cette délicieuse coupe glacée. Environ 2 km après, une voiture s'arrête près de moi et le chauffeur me dit: "vous voulez que je vous pousse un bout?"  C'est le gars qui était attablé au bar. Vu ma lecture du soir précédent, j'accepte très volontiers "et un petit café, vous acceptez?" Bien volontiers. "je veux vous montrer l'étang de Chessieux" Volontiers. Il toraille cigarette sur cigarette. Sa voiture est une sorte de poubelle ambulante, tant le moteur que l'intérieur. "Il y a encore l'étendue d'eau vers le Rhône, c'est magnifique" Ok. "Je suis en vacances, je m'embête, si j'avais une petite femme pour marcher avec, ce serait mieux". Ah bon, vous croyez? "On pourrait aller voir la Madonne", bof. "Je veux vous montrer encore le pont du Rhône", Non, je crois que je préfère aller me reposer chez Mme Eliane qui doit m'accueillir ce soir. Il me dépose alors en haut de la rue, pour que j'arrive quand même à pied! Avant de partir, il me donne son adresse et no de tél. "j'espère beaucoup qu'on se reverra!". Eh bien, cher Michel, merci beaucoup de m'avoir fait économiser 10 km de goudron inintéressant au possible, mais moi j'espère bien qu'on ne se reverra pas... Au fond... les anges, si on les revoit, ce ne serait plus des anges, non?!!

Je sonne chez Eliane Beguet, frappe au gong de son portail, rien n'y fait. Je lui tél pour lui dire que je suis derrière sa porte. Elle me dit qu'elle arrive, qu'elle n'a rien entendu. Au bout de quelques minutes elle apparaît, c'est que la maison est grande. "Il y a un portail toujours ouvert". Il y en a trois, fallait savoir. En fait, j'apprends que je suis au château de Burieu. Avec piscine et costume de bain à dispo. Tant mieux, pour m'économiser 138 gr, je n'ai pas pris le mien. Une petite plongée dans l'eau fait beaucoup de bien. Eliane m'y rejoint, pas pour longtemps car le ciel se fait noir. On se dépêche de rentrer dans la maison, et une pluie diluvienne descend, presque des grêlons. Merci, ange Michel, sans vous je me serais prise cette "saucée" sur la tête et dans les souliers!
A souper, une excellente potée chilienne. "Ma mère ne voulait pas m'apprendre à cuisiner, on avait assez de domestiques à la maison. C'est lorsque je me suis trouvée dans un ashram (sorte de village) indien que j'ai pris goût à cuisiner, ça m'amuse beaucoup". Eliane fait venir 4 fois par an un ou des musiciens, ou des chanteurs, elle invite une cinquantaine de ses amis pour le concert, et leur offre ensuite un coktail préparé par elle. Avant chaque concert elle repeint son salon, ou change de place ses tableaux, ou ses meubles "sinon c'est ennuyeux". Pour chaque concert elle fait un livre d'or avec du papier récupéré dans les expos qu'elle visite, car les livres d'or ça coûte cher. "Mais accueillir 50 personnes, ça coûte cher aussi ?"; "Justement, on ne va pas en rajouter!" En fait elle m'avoue avoir le dada de la récupération, c'est original, et ça l'amuse beaucoup. Quand on lit ses livres d'or, ce n'est pas facile de reconnaître ce qui est le vrai commentaire du faux!
Une fois de plus, une soirée des plus intéressante et passionnante.
Le lendemain Eliane me mène en voiture à Chavannay pour reprendre mon chemin: 8 km de goudron inintéressant d'économisé... les anges se multiplient vite sur le chemin!


la chapelle du Calvaire, en dessus de Chavanay

vitrail 

St-Jacques

27/07/2011

Recto - verso

verso: aération des chaussettes

recto: 10 kg...

mignon, non?


10 kg fluctuant, selon que la veste et la pèlerine sont sur le dos ou sur le sac; le pique-nique dans le ventre ou dans la poche du sac. J'ai la chance de pouvoir marcher pieds nus dans mes souliers de marche: après trempette dans une fontaine, je repars (presque) à neuf!

Une Soeur d'Aubonne m'a donné l'enfant Jésus dans sa crèche pour m'accompagner tout au long du chemin. Je lui ai trouvé une première place à l'air libre! Je lui ai mis les 2 edelweiss de Gaston.
recto...où je vais

verso: d'où je viens...


Pas trop de goudron. Les chemins ou les sentiers sont sympas, voire bucoliques, et nous font traverser de magnifiques paysages. Les champs de tournesols sont maintenant plus nombreux que ceux de maïs. Et ce soir j'entre en Auvergne: St-Julien-Molin-la-Molette.
Le village se prépare à la fête de ce soir


émoticônes
Que du recto!


23/07/2011

Merci...s!

Mes pieds se portent (et me portent) à merveille, y compris ma cheville ex-cassée. Tout le reste aussi d'ailleurs, quelle grâce!




Merci à tous ceux qui m'accueillent sur ce chemin. Chacun m'ouvre grand sa porte. La plupart du temps je reçois une chambre tout confort, un souper délicieux, le petit déjeuner, et surtout un partage enrichissant.

Hier j'étais accueillie chez Maryse et  Bernard à Saint-Ondras. Toute une petite maison pour moi. La leur, c'est Bernard qui l'a faite, de A à Z, y compris les fondations (à la pelle à main), les meubles, l'électricité, et tout le reste. Non, ce n'était pas du tout sa profession, mais "quand on est passionné, on réussit". Elle, à la cuisine (délicieuse) ou au jardin (magnifique) et tous les deux le sourire aux lèvres et la passion au coeur!

Maryse et Bernard

Merci à ceux que je rencontre sur le chemin (aucun pèlerin depuis 3 jours) comme Gaston qui m'offre le café et 2 edelweiss de son jardin.


Faire un pèlerinage pareil, c'est un vrai privilège. Je suis consciente que c'est même un luxe. Merci à vous tous qui y avez contribué, par un des objets dans ou sur mon sac, ou par des billets de toutes les couleurs. Merci de votre belle solidarité avec mon projet!

émoticône:
Que du bonheur!
Avertissement: je lisais hier dans mon bouquin: "C'est la durée qui est une épreuve."
Je suis bien consciente que je suis en train de manger mon pain blanc. Et j'y croque à pleines dents!

Au fil des kilomètres

Me voici en Isère, après avoir passé dans la Haute Savoie, puis la Savoie. Les champs de maïs ont succédé aux vignobles. L'avantage d'un temps mitigé: la température est agréable pour marcher.

Hier, je déroge à nouveau à mon principe: 27 km! partie à 8h de chez Louis j'arrive à 17h: moins de 3km à l'heure. Qui l'eut cru que je savais marcher si lentement?! J'en profite pour admirer les magnifiques paysages, ou prendre le temps d'observer les papillons, les limaces orangées ou tachetées, un escargot qui porte aussi sa maison sur le dos comme moi (ou moi comme lui), etc...
Je repense à une des lectures de l'office lors de mon départ de la cathédrale: "...le Seigneur fera réussir ton voyage..." est-ce que j'ose le prendre aussi pour moi?... Allez, osons...!!



les vignobles de la Savoie



des plus bucolique!




Partout je suis très bien accueillie, chez des gens avenants, intéressants, voire passionnants. Et que je rende justice à la propriétaire du camping glauque: son sourire était aussi large que sa corpulence!

Hier, Louis, le propriétaire du gîte où je passe la nuit, me propose de venir chez lui l'année prochaine si je ne sais pas où aller. Il est dans un magnifique endroit, paumé dans la nature. Adresse à retenir au cas où moi je serai paumée!

21/07/2011

La fontaine du pèlerin

Dans un village, à Jongieux-le-Haut, un vigneron, Raymond Barlet, a une "fontaine pour pèlerin" = son carnotzet où il fait déguster ses vins aux pèlerins qui savent et osent sonner à sa porte. Il parait que ça sonne jusque dans ses vignes pour ne pas en louper un seul. Lui a 81 ans et il enseigne ses fils qui reprennent le domaine: "les pèlerins, c'est Lui là-haut (il montre le ciel = la voûte de son carnotzet) qui les envoye sur le Chemin; Il faut en prendre soin et les abreuver!" Un partage extraordinaire avec cet homme, qui a fait construire une petite chapelle en dessus de son village, avec 2  autres compères, pour remercier le bon Dieu de lui donner des terres qui lui permettent de vivre si bien. Quelle générosité et quelle reconnaissance.
Très croyant et engagé dans la foi, il est si déçu et triste de voir si peu de jeunes à la messe. Il a alors une fois dit à Dieu de les punir "en les privant de vin pendant 3 ans"!! Son curé lui a plutôt conseillé de prier pour le salut du monde!
Des rencontres comme ça, ça égaie le chemin!
Une petite sieste au pied de la chapelle s'imposait... pour honorer cette jolie construction!!

Chapelle St-Romain

Kilos et kilomètres

Aucun kilo de trop sur les hanches, mais bien assez sur le dos! env. 10 kilos, et pourtant je n'ai pas l'impression d'avoir trop pris, j'ai déjà presque tout utilisé, à part les médicaments de réserve (pour répondre à François: j'ai le détail des affaires de mon sac sur papier que je peux te passer à mon retour. Mais même avec une liste détaillée et complète, on peut en oublier l'essentiel: ses souliers!!!).
Comme je n'ai pas fait d'entraînement, je fais de petites étapes. Confirmée par une personne rencontrée avant-hier: mon gabari de personne et de sac, pas d'entraînement et 20 km par jour. Elle rentre chez elle car elle a trop mal aux pieds. Ainsi j'ose vous avouer: ma 1ère étape fut de ...5 km, puis 13, puis 18, puis 22. Hier: 18,5 sur l'écriteau, 15,5 d'après le carnet de route, 17 au podomètre... à choix. Mais je m'interdis - en principe - plus de 20 km par jour les 2 premières semaines car je ne peux me permettre de rentrer chez moi... puisque je n'en ai plus!

La devise des Jaquemet

"Après la pluie le beau temps" C'est d'une évidence à vous couper le souffle! l'inverse l'est tout autant. Alternance de pluie, non pluie, rayon(s) de soleil, les souliers ont juste le temps de sécher avant de se tremper à nouveau.
la tribu Assaglia
L'autre soir, au gîte de l'Edelweiss, rencontre de la tribu Issaglia: le père est photographe à Ste-Croix, il a pris mon portrait en 2003 lorsque j'ai fait mon passeport pour Bali. Une des filles, Catherine, habite Montpréveyres et a collaboré avec ma cousine pour l'école du dimanche. Que le monde est petit, une fois de plus! Super soirée sous la tonnelle du gîte à échanger et rigoler. Cette fois c'est Robert, Autrichien, qui ne pouvait participer à la conversation ne sachant que l'allemand.

Le lendemain, je fais un bon bout de route avec la tribu. J'y glâne le conseil de mettre son chapeau de soleil sous la capuche de la pèlerine quand celle-ci nous tombe sur les yeux. Cela améliore grandement la marche sous la pluie.... et en plus ça nous fait utiliser le chapeau de soleil!!

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mon smily résiste à la pluie et aux jurons de mes compagnons de gîte. Faut dire que, quand on a mal nulle part (ou presque) ça aide beaucoup!
Pas de photos car on n'arrive pas à trouver le bon  périphérique de l'ordi pour les prendre, navrée!

18/07/2011

Quelques clichés

Le chemin!
Un des nombreux St-Jacques
la beauté en chemin

Superbe église à Charly

Les nuits et les jours se succèdent...

mais ne se ressemblent en rien.
Marc-Henri
Un jour: beau temps, belle rencontre avec Marc-Henri, gruyèrien. Depuis une semaine qu'il marche, je suis sa 1ère pèlerine. Lui est mon 1er pèlerin depuis vendredi. On fait un bout de chemin ensemble, on se photographie parmi.
Accueil le soir chez un couple fort sympathique. Chambre avec wc et douche. Jardin intérieur juste à côté: orchidées, innombrables plantes vertes, petite cascade, tout est beau et paisible.
Lendemain, départ sous une pluie battante. Rencontre avec d'autres pèlerins: avec parapluie ou avec pèlerine, on en est tous à la même: ça fait flop-flop dans les souliers!
L'avantage du parapluie quand ça ne vente pas: il tient tout seul sur la sangle du sac par un système ingénieux.
L'avantage de la pèlerine quand ça vente: je n'ai qu'à la retenir avec une main (pas besoin de me battre avec le parapluie pour le fermer).
On est bien contents de trouver une auberge ouverte sur ce chemin où il est difficile de trouver un bout de pain. Tous parlent allemand, l'échange est restreint.
Je descends jusqu'à Frangy: nuit dans une caravane aussi glauque que le camping lui-même! Tupperware de pâtes au beurre, ça descend tout seul.
J'ai emporté avec un moi un bouquin d'un jésuite qui transpose les exercices spirituels de St-Ignace pour les pèlerins. Je lis: "...Indifférence, s'il vous plaît. D'avance tout est bien, tout doit être bien!" Le "hasard" qui nous parle...!
émoticône:
Je chante tout le répertoire des chants reçus avant mon départ. Ça réchauffe le coeur et même la caravane!

15/07/2011

Jour J

Réveillée à 4h30 en ce jour J, j'achève mes préparations. 7h25 à la cathédrale, et déjà des amis  y sont pour vivre l'office avec moi, venus de Neuchâtel, Val-de-Travers, Val-de-Ruz, et même de Lausanne! Bel office - avec le Psaumes 91 (90) comme envoi - , beaucoup d'émotions, j'en oublie de faire la photo souvenir. Monique nous entraîne avec un chant des pèlerins. Puis descente des escaliers du Marché avec 2 amies et ma nièce ... et arrêt café-croissants sur une terrasse! Descente à la gare avec 2 d'entre elles, il en reste une jusque sur le quai de la gare. Car je prends le train jusqu'à Genève puisque ce bout est déjà fait. Et même le bus jusqu'à la douane. Je me mets enfin en route, 10 min plus tard je maraude 3 prunes alors que les 12 coups de midi sonnent au clocher voisin. Pas sérieux tout ça? J'aurai 3 mois et demi pour le devenir! ... ou pour faire pire?

13/07/2011

Départ.........

vendredi 15 juillet 2011, après l'office de 7h 30 à la Cathédrale de Lausanne

Emoticône:
un petit mousqueton dans la poche de mon sac à dos pour sécuriser les clés: plus aucune clé à y pendre...
Ni appartement, ni bureau, ni voiture.......

Vive la liberté!
Bonjour l'insécurité!

12/07/2011

Miracle de St-Jacques




Week-end de l'Ascension: les particuliers qui accueillent les pèlerins sont absents, ou affichent complets, les hôtels fermés, complets ou trop chers, où loger? En plus, je suis avec un autre pèlerin qui cherche aussi un lit. Encore un dernier n° sur la liste des possibilités d'hébergements, Mme Jane qui habite à Cessy (France) à 5km du chemin. C'est noté: vient chercher les pèlerins et les ramène. Enthousiaste - nous étions ses premiers pèlerins depuis 6 ans qu'elle était inscrite sur la liste - bien qu'ayant peu de temps à nous consacrer, elle vient nous chercher. Entre temps, Stephan arrive... qui cherche aussi un lit. Mme Jane nous embarque les 3, fonce chez elle, nous montre nos lits, les salles de bain, la cuisine, où y trouver, riz, légumes ("oh je suis navrée, je n'ai pas de viande pour 3 personnes") et nous met à disposition toute sa belle maison, jardin y compris. Le lendemain, viennoiseries au petit déj', yoghourts, etc et surtout un magnifique échange avec cette femme. Elle a travaillé des années à l'ONU à New York. Intéressée de tout, des plus intéressante, nous aurions volontiers prolonger ce temps. Mais notre chemin nous attend, et c'est l'heure du culte pour elle.
 

Stephan, Jane, Klaus devant les viennoiseries!
 
A mon émerveillement, Klaus dit, laconique: ça c'est un miracle de St-Jacques. T'en vis régulièrement le long du chemin!
 
En bonne protestante, vais-je commencer à croire aux Saints??!!


10/07/2011

Lausanne - Genève


Lausanne - Genève: 4 jours, faits à l'avance, non pour gagner du temps, mais pour s'entraîner, vérifier le matériel, et mettre le goudron et le plat derrière soi.
Lausanne - Genève: déjà de belles rencontres.
Stephan, d'Allemagne, mon premier pèlerin du Chemin.



Stephan, allemand
  
Klaus, d'Autriche, qui ne parle qu'allemand (et faut encore déchiffrer oralement son accent!) qui m'oblige à ressortir mon allemand de derrière les fagots.
Quelques pèlerin-es rencontrés avec qui on partage un bout de route, un morceau de pain, un sourire.

¨Le cheminement avant le Chemin

En recherche d'un nouveau travail, je me suis mise à prospecter tous azimuts. J'avais envie d'autre chose que du secrétariat, mais je ne savais pas de quoi! J'ai demandé à une amie de me coacher pour m'aider à faire émerger ce qui pourrait être éventuellement encore bien caché au fond de moi. Car il y a plusieurs années un verset, reçu lors d'une retraite personnelle, m'a parlé d'une façon  particulière: Esaïe 45 v. 2,3 : « Moi-même je marche devant toi pour aplanir les obstacles, fracasser les portes de bronze et briser les verrous de fer. Je te livre les trésors secrets et les richesses bien cachées. Ainsi tu sauras que je suis le Seigneur, que je te prends à mon service, moi le Dieu d'Israël. »

Peu avant ma séance de coaching, une amie avait pris un temps particulier de prière pour moi et ma recherche d'un nouveau travail. Elle a reçu cette intuition que Dieu me disait: "prends un moment devant moi, réfléchis à ce que tu as envie de faire au plus profond de toi et Dieu pourvoira".

Alors, suite à cet entretien où j'y ai déjà vécu des émotions fortes, suivi de ce moment de prière devant Dieu, un appel a jailli du fond de mes tripes comme un bouchon de champagne qui explose:"ouvrir un gîte sur le chemin de St-Jacques de Compostelle !. Et un oui de conviction m’a envahie.

C'est ainsi que j'ai choisi de quitter le travail et mon appartement pour me lancer sur ce chemin de Compostelle, m'en imprégner, le vivre moi-même à travers mes souliers, mes tripes, mes douleurs et mes joies, et surtout dans mon coeur, ma tête et à travers la prière, pour faire mûrir ce projet que je ressens comme un Appel.

D'autres événements de ma vie, d'autres versets qui m'ont touchées plus particulièrement, ainsi que mes choix de vie faits il y a bien des années (amour et fidélité envers Dieu, simplicité, confiance et obéissance) sont comme des pièces de puzzle qui, avec ce projet, se mettent ensemble et prennent forme et sens, me semble-t-il.

Pourtant... je me sens bien fragile car j'abandonne tous mes repères, mes sécurités, mon univers connu et rassurant, ma famille et mes amis, pour me lancer dans une aventure où, pour le moment, j'ai plus de questions que de réponses! Cela m'enthousiasme beaucoup, mais me fait flipper parfois! Les mots d'un poète, Eugenio Garibay Banos, un pèlerin du Chemin et curé espagnol, résument bien les sentiments qui m'habitent.
"Pèlerin, qui t'appelle? Quelle force t'attire? Ni les gens le long du Camino, ni ceci…, ni le palais de Gaudi, ni cela… Tout cela je le vois en passant et c'est un bonheur de tout voir, mais la voix qui m'appelle je la ressens au plus profond de moi. L'énergie qui me pousse, l'énergie qui m'attire, même moi je ne peux l'expliquer, seul Celui d'en-haut le sait." Extrait de son poème écrit sur le mur d'un ancien moulin sur le Camino Francês (la partie espagnole du Chemin de Compostelle).