Avant de partir j’ai déjà reçu plein de bons conseils. Entre autres celui de prendre avec moi un bandeau de tenniswoman pour éviter que la sueur salée ne coule sur les yeux. Je confirme que c’est un élément absolument indispensable, surtout pour moi qui ai une alopécie et donc plus de sourcils pour retenir la sueur. Moi qui n’ai jamais fait de tennis drôle d’achat mais si indispensable, même sans alopécie!
On m’a dit de prendre des bâtons de marche qui peuvent servir aussi à chasser les chiens qui pourraient me foncer dessus. Hier, avant d’ouvrir le portail par lequel je devais passer, je lis attentivement l’écriteau:
Pas rassurée, je regarde autour de moi et voit que les chèvres et les moutons sont de l’autre côté de la barrière d’où je suis. Je m’engage donc sur ce chemin, mais rapidement deux gros Patou blanc me foncent dessus en aboyant, les crocs bien visibles et l’œil vif mais pas très sympathique. Moi qui est plutôt peur des chiens… J’essaye de me maîtriser, de leur parler calmement en les regardant, et je ne bouge plus. Si tôt que je fais signe de repartir, je lève mes bâtons et je vois que ça a l’air de les exciter. Donc surtout ne pas les élever contre eux …de toute façon à quoi ça servirait?! Un des deux s’en va assez vite mais le deuxième me suis encore un bout du chemin, ses crocs à quelques centimètres de mes mollets! Puis il me quitte, ouf!!
On m’a dit de tremper le chapeau dans l’eau et le mettre mouillé sur la tête pour se rafraîchir. Il faut encore trouver de l’eau sur le chemin. Sur quatre jours de marche il n’y a que hier que j’ai trouvé un ruisseau avec de l’eau. J’en ai profité pour faire un bain de pieds.
À propos de chapeau, le premier jour le mien avait tendance à s’envoler avec le vent. Suivant où il s’envole, impossible de le rattraper. Or c’est aussi un élément indispensable, et même vital par cette canicule. Le soir même je troque mon chapeau contre celui de ma sœur qui a un cordon sous le menton. Très pratique quand il y a du vent car je ne le perds pas, mais il ne reste pas forcément sur la tête!
On m’a dit de demander de l’eau dans les maisons si j’en manque. Encore faut-il trouver des maisons dans ces endroits désertiques, et quelqu’un dedans!
Avant de partir on m’a bien avertie que le chemin était difficile et dangereux à certains endroits. On m’indique particulièrement quel tronçon est dangereux surtout s’il pleut. Comme il ne pleut pas du tout je prends ce tronçon car bien indiqué par les panneaux. Effectivement il faut être bien attentif où mettre les pieds, et s’il pleut je comprends qu’il peut être vraiment dangereux car parfois avec des dévers côté ravin. Mais aussi bucoliques au possible.
Là, ma mémoire fait tilt: je suis sur un sentier de mémoire de tous ces réfugiés qui ont fui la persécution. Est-ce possible qu’ils soient passés par ces chemins pentus, ardus, étroits? Et certainement avec des enfants, peut-être même avec des malades, en tout cas pas dans des bonnes conditions comme les miennes! Est-ce donc possible qu’ils soient vraiment passés par là ? Or mon hôtesse du jour précédent, qui a eu fait partie de l’association française du sentier des Huguenots, me dit qu’ils ont fait le tracé au plus proche de l’historique qu’ils ont pu retrouver quant à la fuite des huguenots. J’avoue que cela me semble incroyable car même pour moi, qui suis relaxe et apprécie pleinement les paysages, ce n’est effectivement pas un sentier de tout repos.
J’ai une longue descente à faire depuis le col de la Chaudière jusqu’à Saint-Benoît-en-Diois. Au milieu de la descente je constate que je ne sens même plus le poids de mon sac. Bon présage. Vers la fin de la descente, je ressens par contre une petite douleur au genou. Mauvais présage! De toute façon je m’arrête au seul bar de ce petit village à la charmante vieille église.
Déjà le jour précédent je n’ai pas trouvé de logement pour le lendemain. Alors en mangeant une délicieuse glace à la lavande, je fais encore plein de téléphones mais rien de disponible. Soit c’est fermé parce qu’ils n’ont personne et ils profitent de prendre quelques jours de congé, soit c’est tout plein même dans les campings. Ou encore ils ne sont pas là, ou pas disponibles pour accueillir. J’avoue que je n’ai pas le courage de frapper aux portes et oser demander l’accueil. Cela signifierait marcher encore mais sans assurance de trouver quelque chose. Je me résous donc de sauter une étape et d’aller jusqu’à Die… en stop! Conseil de la charmante serveuse qui me dit que dans ce coin reculé le stop fonctionne bien, ce que je confirme. Même à Die, chambres d’hôtes et gîte sont complets, je trouve alors la dernière chambre solo dans un petit hôtel en plein centre ville. Juste au-dessus d’un opticien qui me répare mes lunettes (toutes courbées car mon sac est tombé dessus pendant que je mettais de la crème solaire sur le visage), et d’une pharmacie juste en face. La pharmacienne me confirme une légère inflammation du genou. Elle me donne ce qu’il faut pour soulager ça et me conseille de m’arrêter une journée. Ce que je fais aujourd’hui.
Il est vrai que les conditions actuelles pour randonner ne sont pas idéales, que ce soit au niveau du logement comme de la canicule. Je supporte assez bien le chaud et la sueur, mais le problème c’est que cela signifie porter plus d’eau car dans ces coins désertiques mieux vaut être autonome. De plus certains des gîtes ne font pas le repas du soir bien que ce soit noté dans le topo, ceci pour différentes raisons. Donc encore un peu plus de poids. Même si je porte très bien mon sac, les genoux s’en ressentent évidemment. Alors demain je repars pour une petite étape, et si ça ne va pas je redescendrai à Die et aviserai.
Suite aux prochaines nouvelles!