28/07/2011

Une journée In Live

Par ex. mardi 26:
ça commence lundi soir, je lis (toujours dans mon bouquin du jésuite marcheur): "je me suis donné comme principe de ne jamais refuser ce genre d'invitation." = quelqu'un qui lui offre de faire un bout de chemin en voiture. Ah bon, et il se dit pèlerin?
Nuit chez Danièle et André, à Bellegarde-Poissieux, avec 2 autres pèlerines qui font halte de 2 jours chez ces gens pour réparer leurs pieds. Petit déjeuner à 7h30 avec 3 sortes de miel fait maison. André nous raconte - avec passion - les différentes provenances de miel (printemps: colza, aubépines, été: tournesol et châtaignier, acacia, etc), la vie d'une reine et de ses ouvrières, le froid qui ne leur convient pas, etc, etc... Moi qui n'aime -en principe - pas le miel, je me régale de 3 tartines avec chacune de ces sortes.
Départ vers 8h30: joli trajet à travers campagne et forêt.
11h, j'arrive au Carmel de St-Romain de Surieu, avec une magnifique église du XIIè siècle. Une soeur me dit que la messe est à 11h30. N'ayant plus d'horaire, je reste. Par honnêteté je dis que je suis protestante et j'ai même la chance de pouvoir communier avec cette communauté.


Eglise du Carmel de St-Romain de Surieu
Je continue jusqu'à Assieu, où je comptais me ravitailler en fromage. Tout est fermé, c'est les vacances. Je fais le détour par le bar, espérant au moins trouver une glace. Magnifique, 2 grosses boules mocca remplissent toute une coupe. Le tout pour 1,50 euro. Je redemande le prix au moins 3 fois: "Mais ma p'tite dame, une boule ça fait 5 anciens francs, je paie mon bac xx, ça fait bien assez!" ça me donnerait presqu'envie de m'installer dans les environs! Je discute de mon trajet à venir, car je vais loger à St-Clair du Rhône, 3 km hors chemin. On me dit que c'est encore loin, qu'il y a encore bien du goudron. Flûte alors!
Je repars requinquée par cette délicieuse coupe glacée. Environ 2 km après, une voiture s'arrête près de moi et le chauffeur me dit: "vous voulez que je vous pousse un bout?"  C'est le gars qui était attablé au bar. Vu ma lecture du soir précédent, j'accepte très volontiers "et un petit café, vous acceptez?" Bien volontiers. "je veux vous montrer l'étang de Chessieux" Volontiers. Il toraille cigarette sur cigarette. Sa voiture est une sorte de poubelle ambulante, tant le moteur que l'intérieur. "Il y a encore l'étendue d'eau vers le Rhône, c'est magnifique" Ok. "Je suis en vacances, je m'embête, si j'avais une petite femme pour marcher avec, ce serait mieux". Ah bon, vous croyez? "On pourrait aller voir la Madonne", bof. "Je veux vous montrer encore le pont du Rhône", Non, je crois que je préfère aller me reposer chez Mme Eliane qui doit m'accueillir ce soir. Il me dépose alors en haut de la rue, pour que j'arrive quand même à pied! Avant de partir, il me donne son adresse et no de tél. "j'espère beaucoup qu'on se reverra!". Eh bien, cher Michel, merci beaucoup de m'avoir fait économiser 10 km de goudron inintéressant au possible, mais moi j'espère bien qu'on ne se reverra pas... Au fond... les anges, si on les revoit, ce ne serait plus des anges, non?!!

Je sonne chez Eliane Beguet, frappe au gong de son portail, rien n'y fait. Je lui tél pour lui dire que je suis derrière sa porte. Elle me dit qu'elle arrive, qu'elle n'a rien entendu. Au bout de quelques minutes elle apparaît, c'est que la maison est grande. "Il y a un portail toujours ouvert". Il y en a trois, fallait savoir. En fait, j'apprends que je suis au château de Burieu. Avec piscine et costume de bain à dispo. Tant mieux, pour m'économiser 138 gr, je n'ai pas pris le mien. Une petite plongée dans l'eau fait beaucoup de bien. Eliane m'y rejoint, pas pour longtemps car le ciel se fait noir. On se dépêche de rentrer dans la maison, et une pluie diluvienne descend, presque des grêlons. Merci, ange Michel, sans vous je me serais prise cette "saucée" sur la tête et dans les souliers!
A souper, une excellente potée chilienne. "Ma mère ne voulait pas m'apprendre à cuisiner, on avait assez de domestiques à la maison. C'est lorsque je me suis trouvée dans un ashram (sorte de village) indien que j'ai pris goût à cuisiner, ça m'amuse beaucoup". Eliane fait venir 4 fois par an un ou des musiciens, ou des chanteurs, elle invite une cinquantaine de ses amis pour le concert, et leur offre ensuite un coktail préparé par elle. Avant chaque concert elle repeint son salon, ou change de place ses tableaux, ou ses meubles "sinon c'est ennuyeux". Pour chaque concert elle fait un livre d'or avec du papier récupéré dans les expos qu'elle visite, car les livres d'or ça coûte cher. "Mais accueillir 50 personnes, ça coûte cher aussi ?"; "Justement, on ne va pas en rajouter!" En fait elle m'avoue avoir le dada de la récupération, c'est original, et ça l'amuse beaucoup. Quand on lit ses livres d'or, ce n'est pas facile de reconnaître ce qui est le vrai commentaire du faux!
Une fois de plus, une soirée des plus intéressante et passionnante.
Le lendemain Eliane me mène en voiture à Chavannay pour reprendre mon chemin: 8 km de goudron inintéressant d'économisé... les anges se multiplient vite sur le chemin!


la chapelle du Calvaire, en dessus de Chavanay

vitrail 

St-Jacques

2 commentaires:

  1. Anonyme28.7.11

    Quel bonheur de découvrir le chemin que tu fais! I wish I coud be there..... :-D
    Bonne route pour aujourd'hui!
    ...paraît que le soleil revient sera de retour dès la fin de la semaine... Bisous d'Armi

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  2. Denise, ton Lausanne-Compostelle est aussi
    passionnant que Pékin Express et en plus pas bidonné !

    Tartines aux miels, communion catholique, grosses boules au mocca, petit café, potée chilienne... On en oublierait la dureté de la route. Si le chemin de Santiago était une sinécure, ça se saurait. Mais à coeur vaillant comme le tien, rien d'impossible !

    De passionnants connaisseurs des abeilles, des carmélites oecuméniques, un bistrotier économe de l'argent de ses clients - fussent-ils de passage, un archange Michel sous les traits d'un vieux garçon torailleur, une châtelaine fort amène et originale - bonne fée et passeuse de fleuve à ses heures...

    Mille mercis de ta relation expressive et vive d'une journée - ordinaire ? - de la vie d'une pèlerine.

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