Jeudi matin (le 25), je disais à Delphine, avec qui je marchais: "quand je passerai la barre des 1000 km restant à faire, me faudra-t-il dire: déjà la moité de faite? ou: plus que la moitié à faire? En tous cas, j'aurai l'impression d'être sur la pente descendante!" Or le soir même, j'apprends que c'est le lendemain, après 600 m. de marche, que je passerai cette barre-là sur le Pont d'Artigues. Et devinez comment je l'apprends?.... sur l'étiquette de la bouteille de 3 lt d'Armagnac que nous sert notre hôte du soir!!
Super accueil chez Alain et Martine, producteur d'Armagnac -entre autre. Ils nous servent un excellent repas fait avec les produits de leur ferme bio. L'apéro est déjà à l'Armagnac, servi dans sa cave. On emporte son petit verre à la salle à manger... pour l'eau au cas où on en boirait pendant le souper! Au dessert, délicieux cake arrosé... d'Armagnac! Et surtout, des gens super et super accueillants.
Le lendemain, sous la pluie, je passe le pont de l'Artigues, exactement 6 semaines après mon départ. Un jour où pluie, sans pluie, rayon de soleil se succèdent en boucle. Que du goudron, ou presque (avec le temps, on finit par se dire que pluie et goudron font bon ménage). Je médite sur ces petits adverbes, plein de sens: déjà presque 1000 km de parcourus, en 6 semaines, plus que 1000 autres. J'ai envie de dire: ça va vite!! Me faut-il faire un bilan? Non, si je fais un bilan, c'est que ça sent déjà la fin, alors que j'en ai encore autant à faire. Alors je préfère en rester à:
vivre le moment présent, vivre chaque jour comme un cadeau!
le pont de l'Artigue où passent tous les pèlerins de tous les temps |
Dans un tout autre registre, deux jours auparavant, nous sommes accueillis chez Thérèse, à Miradoux. Personnage mythique du chemin, qu'on ne peut manquer, aux dire de tout le monde. Avec ses 72 ans, elle nous accueille avec son sourire et sa verve, son franc-parler et son humour. On est 9 pèlerins à être accueillis ce soir-là chez elle. Elle fonctionne sans réservation. Donc tous les après-midi elle cuisine pour le cas où. Et s'il n'y a personne, c'est que St-Jacques a pris soin d'elle, ainsi le lendemain elle n'a plus qu'à réchauffer. Pour pouvoir accueillir le plus de pèlerins possible, elle a mis la cuisine dans sa chambre à coucher, mais nous avons interdiction d'y entrer. D'ailleurs... nous préférons ne pas voir ni savoir comment ça se passe là-dedans!! Elle nous met tous à la tâche pour suspendre le linge: "du côté du mur, ça sèche plus vite. Et puis les autres, ils sont où? Ils veulent aider, mais quand il y a quelque chose à faire, il n'y a plus personne! Allez, dépêche-toi d'aller les chercher!" C'était trop drôle de nous voir au moins 6 ou 7 contre le mur, en train de suspendre la lessive. On était tous pliés de rire! Là, j'ai loupé la photo, dommage. Delphine a pu en prendre une, elle me l'enverra, c'est à mettre dans les annale du chemin! Le livre d'or de Thérèse (presque tous les accueils et gîtes ont un livre d'or), ce sont des post-it collés sur son armoire de cuisine ou ailleurs! Bref, une soirée inoubliable. Si les conditions d'accueil étaient d'une extrême à l'autre entre ces deux soirées, le coeur était le même pour nous accueillir: largement ouvert!
Thérèse au fond à gauche |
On plie la lessive. On voit les post it sur la droite |
Aujourd'hui, lundi 29 août, je suis à Arzacq-Arraziguet. J'y apprends que les particuliers qui veulent offrir la possibilité de travailler sur internet doivent payer 90 Euros par mois pour un abonnement oblligatoire de lutte anti-terrosiste. Ce qui m'avait déjà été dit hier soir. C'est pour ça que j'ai de la peine à trouver un ordinateur disponible. Et pas trop cher, car ça peut coûter jusqu'à 2,50 Euro le quart d'heure!! Autant dire que le blog s'en ressent, navrée!
Encore un détail: depuis deux jours la chaîne des Pyrénées se laisse voir au loin, quand le voile brumeux ne la cache pas. Dans environ 5-6 jous je serai à Saint-Jean-Pied-de-Port, dernière étape française avant de passer de l'autre côté des Pyrénées et en Espagne!