13/08/2011

"On n'a pas forcément ce qu'on veut mais ce qu'on a besoin"

Cette phrase c'est Léonard, de l'Hospitalité St-Jacques à Estaing qui me l'a dite avant de partir de chez lui, mardi. C'est justement ici que je désire m'arrêter quelque temps au retour de mon pèlerinage pour voir un gîte de l'intérieur et prendre un temps de discernement. Lui-même a eu un appel à ouvrir un gîte alors qu'il faisait le chemin de Compostelle. Avec son épouse Elisabeth cela fait 19 ans qu'ils gèrent cette Hospitlité. A souper, assise à côté d'elle, elle me rappelait que "la Providence pourvoit", me disant aussi que ce n'est pas toujours facile, surtout au début.

Avant de partir le lendemain matin, nous prenons donc un temps de dialogue avec Léonard. Il me ré-invite à la confiance, au lâcher-prise, de mon projet même pour être complètement disponible à ce que Dieu veut. Et il me dit cette phrase "on n'a pas forcément ce qu'on veut mais ce qu'on a besoin". Il me demande si j'ai déjà fait l'expérience de ne pas réserver mon lit pour le soir. Je dis que non; comme j'avais voulu réserver pour le soir même dans un gîte à Soulié, accueil chrétien, mais c'était complet, je me dis que je vais en faire l'expérience sur le champ.

En chemin, je fais alors ma liste de ce que j'aimerais: un toit, un lit, une douche chaude, un souper par ex. steak-frites, et voilà. La liste de ce dont j'ai besoin... est à peu près identique...même si je remplace steak-frites par du plus modeste!
Je ne peux donc m'empêcher d'imaginer des scénarios:
le scénario 0 serait que, quand j'arrive à le Soulié, une personne vienne de se désister (ce qui arrive très souvent, malheureusement pour ceux qui nous reçoivent) et alors un lit est libre pour moi.
Scénario 1: en entendant qu'il n'y a pas de place, une voisine me propose un lit chez elle, une douche, un bon souper... Ah, mais j'en reviens à ma première liste!
Scénario 2: j'interpelle un petit monsieur dans son jardin, qui me demande où je vais, et pour ce soir... ah vous avez rien, mais alors nous avons un lit.... ah non, trop semblable au scénario 1, éliminé!
Scénario 3: je me mets dans mon sac de couchage, je me couche au milieu de la route... non, non, le forcing ne doit pas faire partie des plans divins!

Bref, je réalise que ce n'est pas si facile que ça de vivre concrètement la confiance. Pourtant je me souviens avoir dit à une de mes collègues que tout mon voyage était basé sur la confiance. Mais passer de la théorie à une vraie pratique n'est pas si évident que ça.

Lorsque j'arrive au Soulié, je demande si par hasard un lit serait devenu libre. Oui, il y a 3 personnes qui viennent de se désister... mais il y a  3 jeunes filles qui viennent d'arriver et vont prendre leur place! Non, c'est pas vrai, pas de chance pour moi! A 3minutes près! Mais quand je vois qu'une des jeunes filles a mal au genou et boîte, je me dis que tant mieux pour elles. On me dit qu'à Espeyrac il y a encore de la place au gîte communal.

Je repars donc, espérant que ce soit le cas, car j'en suis déjà à 22 km. Cette fois il fait chaud, même très chaud. Encore 3 km sur du goudron. Mieux vaut ne plus penser à mes plumes d'oies dans mon sac, j'en sue encore plus!
Arrivée à Espeyrac, il reste 6 lits vides! Ouf, largement suffisant! Je compte  me ravitailler au magasin pour faire mon souper: il n'y a plus de magasin dans le village. Catastrophe! Je n'ai rien à manger, ou plutôt rien pour faire un vrai souper. Delphine, déjà installée dans le gîte, me dit spontanément "j'ai assez de pâtes pour deux". Puis c'est Emmanuelle et Arnaud qui ajoutent "on a aussi des pâtes et du gruyère". Génial. Arrivent 3 autres qui ont aussi des pâtes au menu + de la sauce tomates. Bref, chacun met ce qu'il a sur la table, et on se retrouve les 7 autour de la même table et de la casserole de pâtes, avec salami, gruyère, vieux cantal (pour ceux qui aiment),boursin, fruits et chocolat pour le dessert. Plus tard arrivent encore deux jeunes, avec une bouteille de vin, on a même droit à une tournée générale!

Il fait beau et bon, on est bien là dehors, c'est vraiment très sympa. Je ne peux que constater que j'ai reçu tout ce dont j'avais besoin. En plus, le partage et la convivialité. En plus?? Je réalise que moi j'avais oublié de le mettre sur ma liste, mais Dieu y a bien pensé, Il sait très bien de quoi j'ai besoin!! J'en suis toute émue...
l'équipe à table

Estaing

Espeyrac





1 commentaire:

  1. Denise, la tablée improvisée d'Espeyrac - quel nom prédestiné ! - illustre bien le miracle des 5 pains et des 2 poissons. Chacun qui s'attable au banquet du Royaume sera rassasié !

    Partager l'effort, la fatigue, l'inconfort, la faim, la soif, les 4 éléments - pas toujours bienveillants - au quotidien forge une fraternité forte, une camaraderie de marche, une communion de cheminement.

    Vous êtes sans toit fixe, mais pas sans foi ; sans feu sûr, mais non sans Dieu ; ses SDF comme le furent Jésus et ses compagnons de route et de fortune.

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