19/08/2011

Les pèlerins

Les paires, trios, ou groupes de pèlerins se font et se défont, au gré des circonstances, au long du chemin ou dans les gîtes. Par ex. le grand Jacques, avec ses 1,92m lorsqu'il téléphone à un gîte, demande toujours quelle est la longueur du lit qu'il sera censé occuper. La p'tite Jaquemet, lorsqu'elle téléphone à un gîte, demande toujours s'il y a du souper pour elle. Au gré des réponses que l'un et l'autre reçoit, ils se retrouvent dans le même gîte!  Ou alors c'est la catégorie du prix de la nuit qui réunit, ou encore le rythme du pas. Bref, surtout entre le Puy-en-Velay et Conques, le chemin est bien fréquenté et c'est sympa de se retrouver au gré d'une pause, d'une soirée ou d'un bout de chemin.
Conques  est une étape de fin ou de re-départ d'une période de pèlerinage. Alors autour d'une table et d'un pot, on se dit au revoir. On me dit: "Bon courage pour la suite de ton chemin" et moi je leur réponds "je pense qu'il vous en faut plus pour rentrer chez vous que moi pour continuer". A voir leur air plutôt déconfit, ça a l'air d'être assez juste!!


A table, en face de moi, Alain, un gars parti le même jour que moi du Puy et qui va aussi jusqu'à Compostelle. Tiens, on ne s'est pas  encore rencontré, étonnant. On fait les présentations et Alain de dire "Ah c'est toi Denise? J'ai entendu parler de toi le 1er jour. Mais on m'a dit que c'était une petite vieille (douche froide) mais je ne te reconnais pas dans cette définition (douche chaude)!! J'en déduis que Radio Camino fonctionne comme toutes les radios, on y raconte aussi des bobards! Il est vrai que souvent on me demande si je suis à la retraite ... parce qu'en principe ce sont les retraités qui se paient le luxe de faire le chemin de Compostelle d'une seule traite.Et puis, le soleil a un peu buriné et séché ma peau, ça doit veillir aussi. Bon, peut-être ai-je besoin aussi de me rassurer...?

Depuis Conques, les pèlerins ne sont pas tous remplacés. Nous sommes bien moins nombreux, ce qui est plus pratique pour trouver une place dans les gîtes, mais ce qui est évidemment moins sympa.
Je fais connaissance de Delphine et Bérangère, 2 jeunettes chargées de tout le bazar pour camper. Quelle allure et quel entrain. Presqu'une journée à marcher ensemble, on parle de tout et de rien. Et des différences entre cahtoliques et protestants. Pas facile d'expliquer tout ça.



Delphine et Bérangère
un jour de soleil brûlant, on a passé les trois sous le robinet!
Il y a aussi les frères Jean-Louis et Sylvain. Nous  logeons  3 soirs de suite dans les mêmes gîtes. Le dernier soir, à Espagnac, ils m'invitent à leur table. Belle soirée sur la terrasse du resto où on nous sert que des produits de leur propre production et fabrication. Surtout, vu la pénurie de pèlerins, j'ai beaucoup de plaisir à passer une soirée de convivialité. Puis ils continuent à leur allure, plus intense que la mienne.

Pour le moment, je rencontre surtout des Français. Quelques Allemands, Autrichiens, Américains ou Anglais me permettent de pratiquer mes restes d'allemand et d'anglais. Ce soir, à Cahors, un groupe de 13 Américains débarquent chez Serge, au relais des Jacobins: un prof, sa femme et 12 élèves. On soupe ensemble. Ils vont jusqu'à Santiago.
- combien de temps pensez-vous mettre?
- environ 10 semaines
- ah, et vous avez tous 10 semaines de vacances de suite?
- non, ce ne sont pas des vacances, mais ça fait partie de l'école!
J'ai failli m'étouffer en entendant ça. Je venais d'écrire que le Chemin, c'est une école hors les murs!! Alors, si des profs lisent ça, que cela vous donne de bonnes idées pour votre programme de cours!
l'équipe des Américains, Serge à gauche
Nous devrions nous revoir sur le chemin. Je suis curieuse de savoir comment ça va se passer pour eux aussi.

1 commentaire:

  1. Denise, si l'on étudie le pèlerin de St-Jacques d'un point de vue savant, que constate-t-on grâce à tes observations de terrain ? Que c'est un bipède de l'espèce humaine qui migre chaque été selon une direction générale nord-est - sud-ouest. Le but de sa transhumance est le nord-ouest de l'Espagne où nous supposons que les conditions de sa reproduction sont très favorables. Rares sont les spécimens qui accomplissent le trajet en une fois, la plupart migrant par intermittence. Nous ignorons ce qu'ils deviennent entre chaque saison migratoire. Reprennent-ils des forces ? À quelles autres moeurs s'adonnent-ils ? Ce qui est sûr, c'est qu'ils évitent de parcourir deux fois de suite le même trajet. La mobilité du pèlerin est variable, tout comme sa grégarité. Il semble - étonnamment - que la distance totale parcourue soit en moyenne inversement proportionnelle à l'âge du spécimen. Le port d'une coquille de même nom permet de distinguer le pèlerin de St-Jacques d'autres sous-espèces pèlerines ;))

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