09/08/2011

Ma devise perso

Au fil du temps, je me suis faite ma propre devise: rien ne sert de courir ni même de partir à temps, de toutes façons j'arrive dans les temps! Vérifiée aujourd'hui encore, ça marche!

Réveillée à 6h par d'autres pèlerins qui se lèvent, je vois par la fenêtre le sale temps: pluie et brouillard, le temps à rester dans les plumes de mon sac de couchage. Je me rendors et somnole jusqu'à 8h. Une des dernières à se lever du dortoir, ce qui n'est pas une heure de pèlerin. D'ailleurs, les 2 autres qui restent ne sont pas des pèlerines mais elles font le tour du Mont de l'Aubrac. Puis, comme j'avais mangé le soir d'avant ce que j'avais prévu pour mon petit déjeuner, je vais le prendre à la Grange, un refuge pour pèlerins. Je frappe à la porte, ou plutôt je pousse l'épais plastique qui sert de porte et qui laisse passer le vent et le froid. Kristina, une Finlandaise d'une trentaine d'années, m'y accueille et me prépare le café. J'essaye de couper des tranches dans le gros pain qui déborde de la corbeille. Elle se chauffe un reste de haricots et style purée "pour que ça ne se perde pas". Magnifique échange. Voilà bientôt 3 ans qu'elle est sur les chemins, de Compostelle et autres. Elle fait partie d'une fraternité de laïques, qui prient les uns pour les autres. Elle écrit un livre sur le rosaire en finlandais. Ici à Aubrac elle reste 2 semaines pour l'accueil dans ce refuge... des plus rustiques! Mais elle garde son très beau sourire (qui ne se voit pas sur la photo, dommage), pour dire que tout va très bien, que s'il fait froid c'est pas grave, que si c'est sombre ça va aussi, etc.. Elle me rappelle également que la vie du Christ, ce n'était pas que du gâteau, ni du pain blanc tous les jours!...
- et tu vis de quoi?
- je travaille par ci, par là. Par ex. l'automne passé j'avais besoin de m'acheter des chaussures, j'ai pu travailler 2 semaines dans les vignes. Et puis la Providence!
Ça me rassure de me dire qu'après si longtemps à vivre de la Providence d'une manière ou d'une autre, on peut garder le sourire! A méditer...


Kristina dans la Grange
Il est environ 10 h quand je prends le chemin, ce qui est encore moins une heure de pèlerin. Entre temps une éclaircie est apparue, puis a à nouveau disparu. A la sortie du village, c'est la tempête. Et dire qu'on m'avait dit qu'en Aubrac, on pouvait crever de chaud et de soif... moi je pète de froid un 8 août!! Je rajoute des couches, y compris mes gants qui, par chance, n'ont pas fait partie des babioles dont je me suis délestée. Vais-je par contre regretter la boussole au vu du brouillard? Réponse 40 min plus tard: les nuages sont chassés, le soleil apparaît. Magnifique journée où nuages, soleil et vent arrivent à faire très bon ménage. Au moins pas de pluie, c'est tout ça de gagné.

Rencontre avec Cécile. Nous faisons un bon bout de chemin ensemble. Puis 3 autres pèlerins s'ajoutent, un trio qui s'est aussi fait en chemin. Nous nous retrouvons les 5 à la pause, dans un endroit préparé exprès pour les pèlerins par un couple du coin : café, thé, jus d'orange, préparé par Madame, bâtons de pèlerins façonnés par Monsieur. Prix indicatif de 1 Euro. Marianik sort son répertoire de chansons françaises, acheté le  jour précédent. Madame, puis Monsieur arrivent. On cause, ils chantent, et on rigole bien! Toujours ce délicieux accent du midi, surtout lui. Echange de lunettes de soleil contre casquette! Voilà une vraie pause qui fait du bien partout!




Au début d'une nouvelle montée, Cécile me propose de la laisser pour que je puisse aller à mon allure et arriver à temps à l'office. Car nous logeons les deux au Couvent de Malet, à St Côme d'Olt, tenu par des Bénédictines. Des offices et prières sont proposés librement aux personnes de passage. Je file donc, prends une douche, fais ma petite lessive et arrive pile-poil à l'office. Ma devise marche encore une nouvelle fois!
De plus, des pèlerins partis à 7h du matin ce même jour me confirment qu'ils ont eu pluie et brouillard bien plus longtemps que moi. Paraît que c'est aussi beau comme ça. Bon, chacun ses goûts!

Au souper, je constate que Radio Camino fonctionne, alors que réseau téléphone et internet n'ont guère fonctionné dans cette région de l'Aubrac: "ah c'est toi qui fait 20 à 25 km par jour avec un pas énergique? J'ai entendu parler de toi le premier jour sur le chemin!" Tiens, Radio Camino a suivi mon évolution!! Je n'ai donc plus aucun complexe, même je le dis haut et fort que j'ai commencé mon pèlerinage par 5 km le premier jour!

1 commentaire:

  1. Denise, te voilà en nouvelle moraliste récrivant la fable de La Fontaine avec une conclusion contraire : le lièvre attend patiemment au sec et au chaud l'accalmie de pluie, passe entre les gouttes - sans mouiller ses pattes - et arrive encore à temps au logis.

    Après avoir chaussé des bottes tout d'abord de 2 lieues, puis de 7, voici que tu parviens à chevaucher celle de 10 !

    La Providence pourvoira au bâton, aux chansons et aux chaussures.

    Bien avec toi dans l'Esprit.

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