15/09/2011

Arrêt forcé

Etre en pleine forme ne signifie pas être à l'abri d'incident, voire d'accident, ça je le sais. Mardi je l'ai vécu! Peu avant d'arriver au gîte de Ciruena, je fais  une virevolte trop brusque en voulant éviter une voiture et pof, un muscle du mollet claque! Je n'arrive plus à marcher. Par chance une femme en voiture s'arrête et nous prend Delphine et moi, jusqu'à l'auberge. Le gars de l'auberge ne me veut pas car "il n'y a que des escaliers chez moi, tu ne pourras même pas aller aux toilettes. J'appelle un taxi pour t'emmener à Santo Domingo de la Calzada, à 6 km." Ok, il a raison, c'est juste la forme qui pourrait être plus agréable. Le taximan nous pose devant l'auberge pour pèlerins, celle qui a un ascenseur, j'apprécie. Ce doit être l'unique gîte sur tout le chemin de Compostelle qui a un ascenseur! Par chance c'est aussi un gîte qui a un physio à disposition des pèlerins - nombreux - qui auraient besoin de ses bons services, avec rétribution libre. Je suis sa 1ère cliente, il en aura une quinzaine au moins qui suivront. Il diagnostique une micro déchirure d'un muscle, ou évtl un tendon car malgré son bon massage je ne peux presque pas marcher. Il me dit de voir demain comment ça va et éventuellement aller au centre de santé de la ville. Certainement une semaine d'arrêt, voire... rentrer chez moi. Je ne peux lui expliquer que chez moi, c'est mes souliers!

Par chance je tombe dans un dortoir où se trouve un médecin allemand, Herbert. Il pense plutôt à un claquage de muscle car le mollet est encore assez mou. Il me fait un bon bandage et va me chercher des glaçons à mettre sur la jambe. Je lui pardonne donc ses ronflements de la nuit! Le lendemain matin, comme je marche déjà un peu mieux, il confirme que c'est un muscle qui est touché et non pas un tendon. Donc repos 2 à 3 jours et en principe je pourrai reprendre le chemin, tranquillement.

Pour avoir un bon diagnostique, ainsi qu'un papier officiel d'un médecin qui me donne l'autorisation de dormir à nouveau dans la même auberge (les pèlerins n'ont en principe pas le droit de dormir 2 nuits de suite à la même place), je vais au centre de santé. La femme médecin regarde mon mollet à travers le bandage, le tâte en l'effleurant, me fait le papier nécessaire... et la facture: 99 Euros pour à peine 7 min de "consultation", sans même un diagnostique plus précis! J'en suis estomaquée! Je dois en plus me déplacer à la banque pour payer. L'hospitalière du gîte me dit que j'aurais très bien pu me passer de payer, personne n'allait me courir après. Flûte alors! Cela signifie de toutes façons quelques jours d'arrêt.

Avant-hier je ne marchais plus, hier je marchais très lentement et en boîtant pas mal. Aujourd'hui je marche lentement et je ne boîte presque plus, il y a déjà un sérieux progrès. J'apprends très concrètement la lenteur, vais-je en faire bientôt moi-même l'éloge??!!

Delphine m'avait rejointe à St-Jean Pied de Port, et nous faisions une bonne paire: même rythme, même allure, à aimer causer comme aussi marcher en silence. Sophie s'est jointe à nous 3 jours, mais a dû nous laisser à Navarette, ses cuisses lui faisaient trop mal. Cette fois c'est moi qui reste, et Delphine continue son chemin. Du coup, hier soir, je revois Sophie, qui éclate en pleurs en me voyant: fatiguée du chemin, en plus d'une mauvaise nuit dans un dortoir à 100 personnes où elle n'a pu faire de contact, elle est trop heureuse de me revoir. Moi aussi d'ailleurs. Ainsi nous passons une bonne soirée ensemble, à nous raconter nos petits malheurs et, malgré tout, notre grand bonheur d'être sur le chemin et de pouvoir le continuer. Sophie s'en va ce matin, moi je compte bien repartir demain. En repensant les étapes: d'abord Granon, à 6,5 km d'ici, puis à Belorado pour m'arrêter au gîte tenu par des Suisses. Ferai-je encore une étape entre Granon et Belorado? Je verrai demain (vendredi) comment ça va après un bout de chemin.
pique-nique à l'ombre de la vigne

Sophie et Delphine entourent Marcelino,
le "pèlerin le plus fou" comme il se définit lui-même

1 commentaire:

  1. Denise, temps d'arrêt ! Temps de réflexion ? De doute ? De remise en question ? De perte d'assurance ?

    La douleur a chaque pas nous rappelle la gravité, la lourdeur de notre corps que la grâce d'une démarche légère et sûre nous fait oublier le temps de la bipédie, avant celui de la tripédie - 2 jambes et une canne.

    Bien à toi dans l'Esprit.

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